Pour une bonne compréhension du présent discours, je vais d'abord définir chaque terme du début du titre que j'ai choisi volontairement en premier pour présenter la technique de Roberto Pragliola, avec pour cela une précision complémentaire donnée par Joan Wulff au sujet du rôle fondamental de la main, plutôt que de citer simplement la locution de "Technique de Lancer Total" généralement utilisée pour décrire le lancer TLT italien. J'expliquerai ensuite la signification de cette locution elliptique, car il faut une explication de texte pour bien la comprendre. En procédant ainsi, un moniteur, un instructeur ou un pêcheur confirmé peut connaitre, en principe, à quelle catégorie de lancer se rapporte le lancer du style italien de Roberto Pragliola. D'emblée, pour faire simple, on peut dire, d'une part, que le lancer italien comporte d'abord pour sa mise en œuvre principalement une trajectoire rectiligne de la main qui est complétée ensuite par une flexion rotative énergique, d'où l'appellation de lancer "linéaire" ; et, d'autre part, que cette trajectoire en ligne droite se réalise sur une inclinaison avec un angle variable, mais généralement sur un angle, de base, à 45°, d'où l'appellation de lancer "angulaire".
Ainsi, dans le dictionnaire Robert (2017 édition du cinquantenaire), l'adjectif "linéaire" = "1) Qui a rapport aux lignes, se traduit par des lignes. […] 2) Math. Qui peut être représenté dans l'espace euclidien par une droite". L'adjectif "angulaire" signifie "1) Qui forme un angle". J'ajoute volontairement à ces deux adjectifs contenus dans le titre, la définition de l'adjectif supplémentaire : "rectiligne" = "2) Qui est ou se forme en ligne droite" ; et, celles de quatre noms : "trajectoire" = "Ligne (parabole) décrite par un projectile, après sa projection hors de l'arme" ; "plan" = "1) Surface plane… Toit en plan incliné… Plan d'eau : surface d'eau…" ; "rotation" = "Mouvement d'un corps qui se déplace autour d'un axe (matériel ou non), au cours duquel chaque point se meut avec la même vitesse angulaire." et enfin "vitesse angulaire" = "2) Math. Accélération angulaire : dans un mouvement de rotation, dérivée seconde par rapport au temps, de l'angle définissant le mouvement. Vitesse angulaire : dérivée première par rapport au temps, de cet angle". Enfin, je précise que l'endroit où le lanceur doit diriger sa concentration pour effectuer le lancer de la mouche est sa MAIN, comme l'indique Joan Wullf à la page 29 de son ouvrage de référence cité en bibliographie : "Ce qui détermine l'engagement de telle ou telle articulation ou partie du bras, c'est la quantité d'énergie requise pour tracer une ligne droite avec la main au cours du lancer. […] Utiliser les parties de votre bras selon les besoins, de façon à obtenir une trajectoire rectiligne avec la main".
S'agissant de la locution de "Technique de Lancer Total" ou (T.L.T.), il résulte de tous les articles cités en bibliographie qu'elle n'est jamais vraiment définie ou expliquée au début de chaque article. Il faut effectivement attendre presque la fin de l'article consacré aux Principes (Plaisirs De La Pêche n° 55 de mai/juin 1998) pour comprendre ce que signifie l'épithète "Total". En fait, il faut comprendre par là que c'est l'ensemble du matériel utilisé, sa tenue par la main, l'ensemble du geste de la canne sur un plan oblique, etc… qui permet un contrôle TOTAL de la trajectoire de la soie et du bas de ligne, pour obtenir un poser de la mouche sèche en premier sur l'eau ! Bizarrement, la trajectoire rectiligne de la main n'est pas mentionnée ou mis clairement en avant par Roberto Pragliola dans ses articles de presse cités dans ma bibliographie (figurant en fin de discours), alors qu'elle est pourtant la cause efficiente des effets de la ligne tendue, de la boucle serrée du bas de ligne et du poser de la mouche en premier qui, eux, sont bien mis en évidence. Aujourd'hui, ce chaînon manquant est enfin indiqué par Malik Mazbouri et Marcel Formica, instructeurs T.L.T. de la section Suisse de l'école italienne de pêche à la mouche (SIM).
Ces remarques préliminaires un peu longues, mais nécessaires, étant faites, je peux maintenant vous présenter différemment cette technique de lancer de la mouche italienne. Puis il faudra mettre en avant ses mérites qui ont vraisemblablement dû être utilisés par l'équipe d'Italie de pêche à la mouche lors des six premiers championnats du monde de pêche à la mouche qui se sont déroulés en Europe de 1981 à 1986 et où l'Italie a remporté quatre médailles d'or ! Je ne serais pas surpris que certains concurrents européens aient analysé minutieusement le style de lancer italien et débusqué le fameux chaînon manquant pour leur plus grand bien !!!
A - Histoire de la naissance du lancer linéaire et angulaire de Roberto Pragliola : Pour comprendre les motivations très pertinentes de Roberto Pragliola pour trouver une technique novatrice de lancer par rapport à celle enseignée par la traditionnelle école anglaise, il faut préalablement faire un rappel historique du matériel utilisé au début du 19 ième siècle. Pour faire simple, il est admis que la pêche à la mouche a ses racines en Angleterre à l'époque considérée. Or, les cannes construites depuis le début des années 1800 au Royaume-Uni étaient notamment en Green-Heart, matériau en bois qui de par sa nature conférait aux cannes une action de talon, dite parabolique ou lente. Et pour mettre en œuvre sa canne, le lanceur, ayant généralement son coude collé au corps ou proche de celui-ci, devait appuyer sur le point d'appui de la canne situé au dessus de la poignée. Pour cela, il pouvait utiliser un petit arc de cercle de sa main fondé sur une simple rotation sur l'axe de son poignet pour obtenir un débattement global de la canne, dans un plan vertical, de 11h00 à 13h00 — sur un cadran horaire fictif —. Cela produisait une tension de la ligne assez tendue et une boucle du bas de ligne assez serrée, si le lancer devait être assez court. Mais comme le lanceur voulait faire des lancers plus longs, il augmentait le débattement global de la canne de 10h00 à 14h00 qui avait pour effet de produire une tension de la ligne plus arrondie et une boucle du bas de ligne plus large, parce qu'il utilisait un plus grand arc de cercle de sa main, fondé sur une simple rotation sur l'axe de son coude. Il en résultait une large boucle de la soie naturelle qui se déployait horizontalement au dessus de l'eau lors du lancer vers l'avant et qui se posait en premier sur l'eau, puis le bas de ligne — non conique, car parallèle avec le même diamètre sur toute sa longueur — se déroulait. Et enfin la mouche se présentait à la surface de l'eau avec une précision relative. En outre, par vent de face, cette large boucle de soie générée par ce type de lancer fondé uniquement par une rotation d'un membre du corps sur l'axe d'une articulation de ce dernier ne permettait pas de percer le vent.
Voilà généralement le type de lancer traditionnel de l'école anglaise qui fut exportée par les européens pêchant à la mouche, en Amérique du nord, lors de la création de ce qui allait devenir les Etats-Unis d'Amérique. C'est Samuel Philippe qui construisit la première canne à mouche avec une section en bambou refendu en 1846. Le peuple américain, ayant le sens de l'innovation, du "business" et de la compétition, développa la pêche à la mouche en la rendant populaire et organisa des tournois de lancer dès les années 1860. L'Angleterre a suivi cet élan de compétition à partir de 1881. Par un juste retour des choses, le développement de la pêche à la mouche s'est d'abord opéré d'une manière plus confidentielle en Europe à la fin du 19 ième siècle, car ce type de pêche était perçu comme élitiste en raison du prix élevé de l'équipement et que seule une petite "jet set" pratiquait cette activité halieutique en voyageant partout dans le monde. On en a un exemple classique français dans l'ouvrage d'Albert Petit, "La truite de rivière", publié en 1897, qui vante les mérites des cannes anglaises vendues chez Farlow, Hardy, etc… Elles étaient construites en bambou refendu et on les utilisait toujours avec la même technique du lancer traditionnel de l'école anglaise, car ces cannes avaient toujours la même action parabolique. Et effectivement, on se contentait d'avoir toujours le coude collé au corps ou proche de cet dernier et de n'utiliser qu'un mouvement rotatif de ma main sur l'axe du poignet pour mettre la canne en action : "[… votre poignet doit servir de pivot à toutes les évolutions de la canne. C'est le seul jeu de cette articulation qui détermine les mouvements du lancé]", Albert Petit, ouvrage précité p. 92. Toujours en France, dans les années 1950, sous l'impulsion de ce grand Monsieur de la pêche que fut Charles Ritz et de la société française de fabrication de canne à mouche en bambou refendu Pezon & Michel, apparurent les cannes paraboliques PPP, notamment la Fario Club, type Charles Ritz, plus performantes. Charles Ritz et son ami Pierre Creusevaut, compétiteur en tournois de lancers, militèrent également pour l'abandon de la règle anglaise absolue du coude collé au corps ou proche de ce dernier et de l'usage unique de l'axe du poignet ou/et du coude pour la production d'un lancer "rotatif" de la main ou de l'avant bras qui limite les possibilités du lanceur d'au moins de 50%. Ensuite, presque 20 ans plus tard, à partir de 1968, Charles Ritz collabora avec la compagnie américaine Garcia/Conolon pour développer des cannes en fibre de verre. Avec ce type de cannes plus légères et plus puissantes, les lancers s'allongent de 3 ou 4 mètres, mais la technique de lancer pour le pêcheur "moyen" resta quasiment identique et toujours basée sur un mouvement rotatif axé sur le poignet ou/et sur le coude, car l'action de ces cannes demeuraient encore relativement lentes. Ce n'est qu'au début des années 1980, avec l'apparition des cannes en graphite/carbone que les choses vont vraiment changer, car ce matériau encore plus léger et plus réactif permet également de concevoir plus facilement des cannes multi-coniques avec des actions différentes (de talon, de milieu et de pointe). Cela va aussi entrainer la possibilité pour les pêcheurs d'opérer un changement de technique de lancer, en utilisant l'intégralité de toutes les articulations de leur bras et de son décollement par rapport au corps. Et cela, en corrélation avec le type de bas de ligne utilisé en fonction de l'action de la canne et de la mouche propulsée : pour une canne d'action de talon ou de milieu pour pêcher en sèche = bas de ligne conique dégressif, donc rapide ; pour une canne d'action de pointe pour pêcher en nymphe = bas de ligne conique progressif, donc lent.
La même évolution s'est produite en Italie en produisant les mêmes effets, car les habitudes ont la vie dure et ne se modifient que lentement avec le temps. Roberto Pragliola, qui a beaucoup voyagé et pêché la truite, l'ombre et le saumon en Europe et au Royaume Uni, s'est enrichi au contact de toutes ses nouvelles rencontres et notamment avec celles des pêcheurs autrichiens qu'il côtoyait régulièrement sur la Traun, à Gmunden. Il a plus particulièrement échangé avec le célèbre guide/garde Hans Gebetsroither qui avait déjà rompu, d'une manière fortuite, avec le lancer traditionnel de l'école anglaise (coude collé au corps ou proche de ce dernier + rotation de la main sur l'axe du poignet ou rotation de l'avant-bras sur l'axe du coude), dès 1950. Il utilisait effectivement son propre lancer autrichien en demi-ovale sur l'arraché et quasiment linéaire sur le lancer avant pour obtenir plus de précision, et cela, avec des faux lancers très énergiques et une canne très courte de 6' ! En outre, dès le début du 20 ième siècle, en Angleterre, Edgar Valentine Corrie, un ami d'Halford, avait adopté un lancer spécial dans lequel il avançait sa main d'une manière rectiligne à la fin de son lancer vers l'avant, afin d'avoir une plus grande précision pour le poser de sa mouche (Frédéric Michael Halford : Précis de la pêche à la mouche, traduction G.L. Wauthier, 1913, p. 62). Tout cela l'a vraisemblablement incité à créer, lui aussi, une nouvelle méthode de lancer qui lui permettrait d'obtenir un poser de la mouche en premier, avec une grande précision et une grande discrétion, en raison d'un bas de ligne conique, rapide spécifique et d'un contrôle total de la trajectoire de la soie et du bas de ligne, d'où l'appellation de "technique de lancer total". De plus, sa nouvelle technique de lancer linéaire et angulaire, avec une canne courte et une soie ultra-légère, devait être adaptée pour la pêche en mouche sèche sur des eaux rapides et dans des endroits encombrés. C'est pourquoi, à partir de 1987, il assure la direction l'école italienne de pêche à la mouche (la Scuola Italiana di pesca a Mosca = SIM) où il enseigne sa Technique de Lancer Total. Il l'avait cependant déjà présentée dans la revue de pêche italienne "Pescare" dès l'année 1976, avec une série d'articles. Mais, ce n'est qu'au début de l'année 1997 qu'est vraiment publié pour la première fois en France, dans la revue Pêche Mouche (n° 1 de Mars 1997), un article pour présenter la Technique de Lancer Total de Roberto Pragliola que le journaliste Charles Richter a qualifié de "Révolution italienne". Il débute également en 1997 l'organisation de stages en France (en Côte d'Or) pour les pêcheurs français désireux d'apprendre la TLT, avec Vincenzo Penteriani, un étudiant en thèse de doctorat d'écologie à l'université de Dijon et traducteur en français d'autres articles publiés dans la revue Plaisirs de la Pêche en 1998 et un dans la revue Pêche Mouche en 1999 au sujet de la pêche des eaux rapides (voir bibliographie ci-dessous). Il publiera aussi deux articles en 1999 dans la revue allemande Der Fliegenfischer, n° 134 mars/avril et n° 135 mai/juin, en Scandinavie et aussi aux Etats-Unis. Sa technique italienne novatrice de lancer a d'ailleurs reçu les honneurs de la prestigieuse marque américaine de canne à mouche G. Loomis, née en 1982, avec la création d'une canne en carbone GLX de 7'6 # 3 TLT, à la suite de la sortie des cannes G. Loomis en carbone GLX en 1993, avec une confiance renouvelée à partir de 2003 avec une autre canne G. Loomis en carbone GLX StreamDance 7'6 # 3 Italian Style. Roberto Pragliola a enfin reçu de nombreuses distinctions aux Etats-Unis et en Europe pour l'ensemble de son œuvre au sujet de la pêche à la mouche, de la protection de la nature et des milieux aquatiques, et de sa Technique de Lancer Total.
B - Environnement particulier pour une utilisation naturelle du lancer linéaire et angulaire, à l'italienne, de Roberto Pragliola : À l'aide d'un exemple autobiographique, je vais vous expliquer pourquoi un pêcheur français ne connaissant pas la Technique de Lancer Total de Roberto Pragliola a été amené pratiquement à utiliser quasiment son style italien pour pêcher un secteur techniquement encombré et sous un pont. Cela se passait sur la rivière l'Ignon, en Côte d'Or, qui traverse le petit village de Frénois où a précisément résidé Vincenzo Penteriani pendant ses études doctorales en France, à Dijon. A l'époque, j'avais la chance de pouvoir pêcher un parcours privé sur la bonne berge droite, relativement accessible, alors que la berge gauche était bordée d'arbres qui formaient une voute au dessus de la rivière. Comme la largeur de celle-ci était d'environ 5 à 7 mètres et était constituée en partie de lisses, j'utilisais une canne courte Jacky Boileau de 6'10 (2,08 mètres) # 4/5, poids 73 g, action de pointe et donc rapide, avec une soie naturelle Phoenix # 4 et un bas de ligne court de 2,5 mètres, légèrement dégressif et fin, pour être en harmonie avec la légèreté de la soie sortie d'environ 5 à 7 mètres. Or, comme la hauteur de la zone de lancer sous les frondaisons n'était que d'un mètre environ, j'étais contrait par la force des choses de réaliser mon arraché en faisant effectuer à ma main droite, située à la hauteur de ma hanche, une trajectoire rectiligne à l'horizontale avec une amplitude de 90 cm, avec une accélération progressive soutenue, pour finir mon lancer arrière avec une flexion rotative énergique de ma main sur l'axe de mon poignet, pour donner un maximum d'énergie cinétique (voir Henrik Mortensen, ouvrage cité en bibliographie, p. 26 au sujet de l'énergie cinétique) afin d'obvier au problème de la gravité. Comme le fait remarquer Joan Wulff au sujet de la vitesse de déplacement de la soie, avec une canne à action de pointe et une soie avec une vitesse acquise élevée, cela permet une meilleure efficacité contre les effet de la gravité (ouvrage précité, p. 67). En effet, si le lancer avait été effectué normalement, c'est-à-dire trop doucement, la soie n'aurait pas manqué d'accrocher l'eau. À la fin de mon lancer arrière, mon bras était entièrement tendu en direction du milieu de la rivière et le bas de ligne s'était retourné par dessus la soie. Ensuite, pour réaliser le lancer vers avant, ma main repartait inversement sur la même trajectoire en ligne droite à l'horizontale, donc d'une manière linéaire, avec une accélération progressive soutenue et avec la même amplitude de 90 cm. Pour la finition du geste, je faisais encore une flexion rotative de ma main sur l'axe de mon poignet avec une intensité variable selon que je désirais poser ma mouche très proche de la berge ou plus vers le milieu de la rivière. Maintenant, comme mon lancer s'opérait sur un plan horizontal, c'est-à-dire au dessus de la surface plane de l'eau, le débattement total de ma petite canne sur un cadran horaire imaginaire démarrait pour un seul arraché à 10h00 et allait jusqu'à 15h00 et retournait sur le seul lancer vers l'avant, soit à 10h00, 9h30 ou 9h00, selon l'angle de mon blocage, pour obtenir un poser de ma mouche en premier sur l'eau, soit proche de la berge gauche, à un tiers ou au milieu de la rivière. Comme on le verra ultérieurement lors de la description technique du lancer TLT, mon lancer réalisé dans cette occurrence précise ressemblait étrangement presque à l'actuel style de lancer italien. Autrement dit, dans mon exemple, tout comme Monsieur Jourdain dans le Bourgeois Gentilhomme de Molière faisait de la prose sans le savoir, j'avais presque fait du lancer linéaire et angulaire à l'italienne de Roberto Pragliola sans le savoir !
C - Matériel utilisé pour le lancer linéaire et angulaire adapté au style italien de Roberto Pragliola : Comme je l'ai déjà esquissé précédemment en citant la longueur, la puissance et l'action de pointe/rapide des deux cannes américaines G. Loomis de 7'6 # 3 TLT ou Italian Style, conçues avec Roberto Pragliola, la longueur, la puissance et l'action de pointe/rapide des cannes courtes préconisées pour cette Technique de Lancer Total, en milieu encombré avec des soies légères, sont généralement et précisément de 7'6 # 3 avec une action de pointe. Aussi, les deux cannes italiennes TLT, style italien, de 7'6, Hotfly ISC V2 # 3 et Pozzolini TRT # 3/4, citées ci-dessous au sujet du porte-moulinet, ont-elles précisément cette action, cette longueur et quasiment cette puissance qui est en réalité généralement sous évaluée. Néanmoins, une question pourrait légitimement se poser. Aurais-je pu utiliser ma canne standard Jacky Boileau de 9' (2,74 mètres) # 4/5, poids 96 g, pour exploiter cette technique spécifique ? D'aucuns l'ont envisagée, mais cela n'est guère concevable. D'une part, l'utilisation d'une canne un peu plus longue de 66 cm n'est pas très compatible dans espace limité. D'autre part, une canne un peu plus lourde de 23 g nécessite plus de force pour la mettre rapidement en œuvre : "Plus l'objet est lourd, plus il faut de force pour le mettre en mouvement ou l'arrêter (loi de l'inertie de Newton)" [Joan Wulff, ouvrage précité p. 57]. Or, on verra par la suite que la T.L.T. nécessite de nombreux mouvements rapides du bras et de la main pour générer plusieurs faux-lancers et ainsi beaucoup de vitesse nécessaire pour obtenir une grande énergie cinétique en raison de l'utilisation de soies légères de # 2 ou # 3. Conséquemment, le recours à des cannes courtes et légères de 6' à 7' environ ne relève pas d'une coquetterie de Roberto Pragliola, mais est bien imposée par des considérations relevant de la pure physique, car plus on lance une masse légère, moins on se fatigue ! Et pour corroborer le fait qu'il faille nécessairement recourir à de cannes courtes pour ce style italien, quoi de mieux que d'utiliser un argument d'autorité fourni par une charmante et émérite lanceuse de la mouche en compétition : l'américaine Joan Wulff, "Il faut plus de mouvement du bras pour lancer dix mètres de soie avec une canne de sept pieds, que pour la lancer avec une canne de neuf pieds" [ouvrage précité p. 56]. […] "La longueur du lancer pour une canne très courte (six pieds, par exemple) et pour une longueur de soie donnée, pourrait être le double de celle pour une canne de neuf pieds." [Joan Wulff, ouvrage précité p. 56].
S'agissant maintenant du porte-moulinet des deux cannes italiennes précitées, il est important qu'il soit avec un vissage par le bas pour, d'une part, avoir une prise "enveloppante" de la poignée et du moulinet par la main (voir les deux photos ci-dessous sur la tenue de la canne qui valent mieux qu'un long discours) ; et, d'autre part, pour que l'extrémité de la poignée vienne se loger au maximum dans l'articulation du poignet, sans la dépasser. En effet, avec vissage du moulinet vers le haut, le bout de la canne peut heurter le début de l'avant-bras, ce qui peut nuire à l'obtention d'une amplitude maximale sur certains lancers vers l'avant. Dans le même esprit, pour la taille d'un moulinet manuel, cette méthode de lancer impose l'utilisation d'une relative petite taille, pour contenir simplement une soie de # 2 ou # 3 naturelle ou synthétique avec une quantité nécessaire de backing. En outre, cette technique de lancer exclut quasiment du même coup l'utilisation d'un moulinet semi-automatique Vivarelli ou Peux Fulgor, car la prise "enveloppante" de main est moins aisée et l'utilisation de la gâchette avec l'auriculaire est fortement compromise et si l'on utilise l'annulaire et le majeur pour l'utilisation de la gâchette, on ne tient plus la poignée !
Enfin, en ce qui concerne la longueur et de la nature du bas de ligne destiné pour pêcher avec ce matériel en mouche sèche, il ne devra pas être trop long (par exemple, 6 m est trop long), car les soies ultra-légères ne sont pas trop compatibles avec le lancement des longs bas de ligne. Il devra être avant tout conique, dégressif et donc rapide pour réaliser un poser de la mouche en premier sur l'eau. À titre d'exemple, je vous donne la formule du bas de ligne de 3,20 m préconisée par Roberto Pragliola dans son article consacré au "lancer rasant" (voir bibliographie) : un talon de 150 cm en 40/100, puis une queue de rat de 50 cm en 30/100, 30 cm en 22/100, 30 cm en 18/100 et une pointe de 60 cm en 14, 12 ou 10/100 en fonction de la taille de la mouche et des conditions de pêche. Dernière précision : même une mouche Klink Duo Indicator sur un hameçon n° 12, bien visible sur des eaux rapides, peut être propulsée avec une soie légère de # 3 en raison de la grande énergie cinétique obtenue avec cette technique.
D - Description technique et chronologie des mouvements dans le lancer linéaire et angulaire, à l'italienne, de Roberto Pragliola : Le lancer choisi pour illustrer au mieux la Technique de Lancer Total italienne est le "lancer "angulaire", car il constitue, sans jeu de mots, l'angle droit d'un triangle rectangle 3, 4, 5 réalisé avec une corde à 13 nœuds où sera posé la pierre angulaire d'un édifice ! Comme l'énonce Roberto dans une vidéo où il présente ce type de lancer, c'est le lancer de base de sa technique. Tout d'abord, pour un droitier, il se réalise dans un plan oblique à 45° situé sur sa droite, c'est-à-dire à côté de la surface plane d'un toit incliné imaginaire situé à sa droite. Pour rappel, si on plaçait un rapporteur géométrique géant devant un lanceur droitier, le plan horizontal constitué par la surface de l'eau serait sur sa droite à un angle de 0°. Le plan oblique serait sur sa droite à 45° ; le plan vertical serait devant lui à 90 ° ; le plan oblique pour un lancer en revers serait sur sa gauche à un angle de 135° et enfin le plan horizontal pour un lancer en revers serait sur sa gauche à un angle de 180°. Si j'insiste un peu lourdement sur cette notion de plan, incliné, oblique à 45°, c'est parce qu'il concerne uniquement l'amplitude du débattement total de la canne ou du geste global du lanceur avec sa canne. Ce plan incliné se présente sous la forme géométrique d'un demi cercle imaginaire placé obliquement à 45° à côté du lanceur et qui se mesure en degré — ° — sur ce rapporteur géométrique. En l'occurrence, cette surface plane en demi-cercle couvre presque toujours un angle d'environ 180° fait par la pointe du scion de la canne à l'horizontale depuis le début de l'arraché devant le lanceur jusqu'à la fin de l'arraché derrière le lanceur où la pointe du scion de canne est encore à l'horizontale. En effet, j'ai remarqué qu'il y a parfois, soit une confusion intellectuelle, soit une maladresse de rédaction ou de traduction, entre, d'une part, les expressions utilisées pour désigner le plan sur lequel se débat la canne ; et, d'autre part, entre celles concernant les trajectoires de la main ou/et de la soie, qui sont parallèles, et qui évoluent en revanche sur une ligne droite inclinée obliquement souvent à 45° si le lancer a lieu à courte distance ou à 35°, par exemple, si le lancer a lieu à une plus grande distance et qui se mesure en — cm —. Ceci étant précisé, on peut décrire chronologiquement les principales phases du lancer angulaire.
Pour démarrer, le lanceur tient sa canne horizontalement devant lui et elle est légèrement sur son côté droit, puisque le lancer se réalise sur un plan oblique. Son bras est légèrement fléchi et son avant-bras est à l'horizontale, avec son coude proche du corps (voir la dernière photo où Roberto à sa canne devant lui). Ensuite, pour réaliser l'arraché, le lanceur tire la canne en arrière d'une manière rectiligne avec sa main, jusqu'à ce qu'elle arrive environ à la longueur de son épaule, en termes de distance, mais la main sera en dessous de son épaule, en termes de hauteur, puisqu'on est toujours sur le même plan oblique. L'amplitude du déplacement rectiligne de la main est d'environ de 60 cm, c'est-à-dire une longueur exprimée en cm. C'est en cela que le lancer est dit "linéaire" et que c'est un élément essentiel primordial de catégorisation en termes de types de lancer. Mais comme la main droite exécute, en même temps, depuis le départ de l'arraché, une flexion rotative étendue sur une ligne droite, avec une accélération progressive très énergique jusqu'à la fin de l'arraché, on ne perçoit pas le phénomène de linéarité dans l'ensemble du geste. A la fin de l'arraché, la canne est totalement étendue à l'oblique derrière le lanceur, avec la soie presque à l'horizontale (voir l'avant-dernière photo où Roberto a sa canne derrière lui). C'est pourquoi, par le même effet d'optique, on a tendance à ne percevoir que l'ensemble du débattement de la canne qui s'est déplacée quasiment sur 180°, c'est-à-dire sur un angle exprimé en degré °. Maintenant, pour effectuer le lancer vers l'avant, le lanceur empreinte à nouveau avec sa main la même trajectoire rectiligne en direction de la cible visée et avec la même amplitude de déplacement linéaire de la main d'environ 60 cm, en exécutant également, à la fois, depuis le départ de la poussée vers l'avant, une flexion rotative étendue sur la même ligne droite, avec une accélération progressive très énergique jusqu'à la fin du lancer vers l'avant. Et là encore, on a toujours le même effet d'optique du débattement de la canne qu'il est inutile de développer davantage, car il fausse l'analyse de la bonne gestuelle et qu'il n'est pas un élément essentiel de catégorisation d'un type de lancer. Enfin, je précise également que dans cette technique de lancer italienne, on effectue généralement plusieurs faux lancers qui ont précisément pour objet d'augmenter progressivement l'intensité de l'accélération du geste de la main, afin de produire encore davantage d'énergie cinétique pour une meilleure efficacité générale du lancer.
La conséquence de ce lancer linéaire est précisément de produire une ligne tendue de la soie, avec une boucle serrée du bas de ligne construit volontairement d'une manière très dégressive et donc rapide afin de pouvoir poser la mouche en premier selon l'angle voulu par le lanceur. Et c'est en cela que lancer est dit "angulaire". Le caractère angulaire de l'impact de la mouche en premier sur l'eau dépend directement de l'angle de la trajectoire rectiligne qu'avait la main lors du lancer. Plus l'angle de la trajectoire linéaire de la main du lanceur est supérieure ou égale à 45° par rapport à la surface de l'eau, plus l'impact de la mouche sur l'eau sera net et franc. Inversement, plus l'angle de la trajectoire inclinée en ligne droite de la main du lanceur est proche de 35° ou 25° par rapport à la surface de l'eau, plus l'impact de la mouche sur l'eau sera doux et atténué. Mais quoiqu'il en soit, le caractère angulaire du lancer italien n'existe que parce que préalablement il aura été précédé du caractère linéaire de la trajectoire de la main du lanceur !!! Enfin, je précise encore que si j'ai choisi de présenter, à titre d'exemple, le lancer dans un plan horizontal de mon expérience autobiographique et le lancer "angulaire" dans un plan oblique, si cher à Roberto Pragliola, la technique italienne de la T.L.T. comporte aussi, par exemple, le lancer "rasant" dans un plan vertical, qui ressemble à s'y méprendre au lancer "bourrasque " de Charles Ritz ou au lancer "vertical à terminaison plongeante" d'Halford. Ces trois derniers lancers verticaux servent à placer une mouche sous un obstacle, au ras de l'eau, ou lorsque le pêcheur à un vent de face et qu'il souhaite faire également évoluer la mouche au ras de l'eau.
E - Utilité du lancer linéaire et angulaire, à l'italienne, en tant qu’outil de précision et de discrétion, pour pêcher en mouche sèche, dans un milieu encombré ou/et sur des eaux rapides : Dans un article précédent consacré au « Lancer linéaire et angulaire, de base, à la française, pour bien débuter à pêcher à la mouche en sèche », j'avais déjà insisté sur l'utilité que présente cette gestuelle linéaire et angulaire qui a naturellement pour conséquence l'obtention d'une ligne tendue sur le lancer avant et le serrage de la boucle d'un bas de ligne conique, dégressif et rapide. C'est le fameux "Tight lines" des anglo-saxons qui signifie "lignes tendues et boucles serrées" sur les lancers arrière et avant. Conséquemment, cela entraine la présentation de la mouche en premier sur l'eau d'une manière délicate, puis le poser du bas de ligne, et enfin celui de la soie. Cela permet donc d'assurer une discrétion dans la présentation générale de l'ensemble de la ligne qui est totalement étendue et de poser la mouche avec une grande précision. En outre, le fait d'assurer un bon serrage de la boucle du bas de ligne, cette gestuelle permet de mieux percer l'air en cas de vent de face. Voilà sommairement l'intérêt du lancer linéaire et angulaire, de base, à la française pour lequel l'apprenant a pris soin d'apprendre dans un plan vertical et dans un milieu dégagé pour faciliter au mieux son apprentissage. L'intérêt d'une gestuelle dans un plan vertical se justifie aussi parce que l'instructeur peut tourner autour de l'apprenant sur ses quatre côtés et surtout pour contrôler le côté droit du lanceur (droitier) afin de vérifier et d'aider l'apprenant à bien réaliser la trajectoire rectiligne de sa main. Ce qui n'est pas possible avec une gestuelle dans un plan oblique ou horizontal, car le moniteur se prendrait la canne et la soie dans la figure !!!
La gestuelle linéaire et angulaire de l'école italienne aboutit exactement aux mêmes résultats en termes de grande précision et de discrétion dans la présentation de la mouche et c'est le résultat que recherchait précisément Roberto Pragliola quand il a voulu innover par rapport à traditionnelle école anglaise basée uniquement sur une gestuelle avec des rotations de la main sur l'axe du poignet ou/et de l'avant-bras sur l'axe du coude, entrainant les conséquences dommageables présentées au début de ce discours. Mais la technique de Roberto Pragliola présente aussi une grande utilité pour la pêche en mouche sèche dans des endroits encombrés, à l'aide d'un matériel court et léger dans un plan oblique ou horizontal. Ce sont ces derniers points que je trouve particulièrement intéressants. J'ajoute également que l'enseignement de Roberto ne se limite pas qu'à sa technique de lancer particulière pour l'époque (avant les années 1990). Il faut également, et surtout aujourd'hui, prendre en compte sa très grande expérience de la pêche des eaux rapides où il était passé maître dans l'art d'éviter les dragages en eaux vives par sa connaissance méthodique de la mécanique des eaux (voir, entre autres choses, l'article paru dans le Pêche Mouche n° 14 de septembre 1999, cité en bibliographie).
F - Les limites de la technique italienne avec une canne à une main : Cependant, il y a quelques limites à cette technique qui est avant tout destinée à pêcher en mouche sèche. Or, aujourd'hui, la pêche en nymphe ou en tandem sèche / nymphe séduit de plus en plus un public jeune — et moins jeune — qui préfère pêcher avec des cannes de 10' # 4 et des bas de ligne longs et progressifs, à l'instar des compétiteurs qui utilisent ce matériel lors des championnats du monde de pêche à la mouche. De même, la technique italienne n'est pas adaptée pour la pêche avec de grosses mouches à brochet, ainsi que pour la pêche en tandem sèche /nymphe lourde, pour laquelle il est préférable d'utiliser un lancer courbe Ovale complet ou un lancer courbe demi-Ovale, avec une large boucle pour des raisons de sécurité.
G - Perspectives d'évolution de la technique italienne avec une canne Switch à deux mains de 11'4 # 8/9 "Bourgognepeche" : Néanmoins, l'expérience écossaise de Roberto, vécue sur la Spey en 1975 pour la pêche du saumon, a étonné ses compagnons avec l'utilisation de sa méthode. Doté d'une canne Pezon & Michel Parabolic Grisle de 10'6 # 7/8, mais utilisée avec une soie de # 5, il prenait autant de poissons que ses compères avec beaucoup moins de fatigue. Autant dire que Roberto était très en avance sur son temps, car aujourd'hui, en Norvège, les seniors abandonnent de plus en plus les longues cannes de 15' ou 16' pour adopter des petites cannes à deux mains Switch de 11'6 # 7 environ pour pêcher le saumon en atteignant de belles distances. Et très récemment, un de mes clients d'un âge avancé venu me voir pour un stage de Spey Cast avec une canne à deux mains de 14'6 # 8 action soft, a été très surpris lorsque je lui ai fait essayer ma petite canne artisanale à deux mains Switch de 11'4, prévue pour la pêche du brochet et du saumon, très légère, avec la même soie que celle utilisée pour la 14'6. Pour ce faire, il a utilisé un lancer sur un plan oblique en dessous de d'épaule pour obtenir une boucle en > très profonde, ce qui lui a permis d'avoir énormément d'énergie cinétique et de réaliser un lancer "Tight lines" impeccable et plus long que ses lancers fait auparavant avec la 14'6. Tellement surpris par cet essai, il n'a plus voulu changer de canne et je ne pouvais plus l'arrêter, tant il prenait du plaisir à lancer facilement avec cette canne légère, sans se fatiguer ! Une adaptation de la technique de Roberto, avec des cannes à deux mains Switch légères, a de l'avenir avec les seniors !!!
Bibliographie : Roberto Pragliola : La pesca con la mosca. Nuove Esperienze, 2020, préface de Vincenzo Penteriani ; Pêcheurs Sportifs, n° 39 mai 1981, p. 11 ; Pêche Mouche, Spécial Ouverture n° 1, du 01/03/1997, p. 34 à 39, La "Technique de Lancer Total", La révolution italienne de Roberto Pragliola, par Charles Richter ; Plaisirs de la Pêche, n° 53 Janvier/Février 1998, Technique de Lancer Total, par Jean Tesseyre ; Plaisirs de la Pêche, n° 55 Mai/Juin 1998, T.L.T. (Technique de Lancer Total), Les principes et le lancer parallèle, par Roberto Pragliola et Vincenzo Penteriani ; Plaisirs de la Pêche, n° 56 Juillet/Août 1998, p. 20 à 25, T.L.T. (Technique de Lancer Total), Le lancer rasant, par Roberto Pragliola et Vincenzo Penteriani ; Plaisirs de la Pêche, n° 58 Novembre/Décembre 1998, p. 20 à 25, T.L.T. (Technique de Lancer Total), Le lancer angulaire, par Roberto Pragliola et Vincenzo Penteriani ; Pêche Mouche, n° 14, septembre 1999, p. 20 à 23, Dragage en eaux vives, Ordre et méthode avant tout, par Roberto Pragliola et Vincenzo Penteriani ; Marcel Formica : Technique de l'école italienne de pêche à la mouche, Pêches Sportives Vidéo DVD n° 27 inclus avec le n° 92 de Pêches Sportives magazine de juillet à septembre 2012. On consultera également avec un vif intérêt les récents articles de Malik Mazbouri, instructeur T.L.T., parus sur le site internet de Truites & Cie ; Joan Wulff (Américaine), "Joan Wullf's Fly Casting Techniques, Lyons & Burford, New York, 1987 ; Le lancer de la mouche. Ses différentes techniques, Gerfaut, Paris, 1997 [en français] (C'est le seul ouvrage américain complet en langue française qui existe actuellement en France au sujet du lancer de la mouche avec une canne à une main et qui fait autorité en la matière) ; Henrik Mortensen (Danois) : Pêche à la mouche, le style scandinave, La Cheminante, 2009, ouvrage également fondamental sur l'énergie cinétique et ses conséquences sur la vitesse d'une soie légère, p. 26. L'énergie cinétique exprimée en Joules = à la moitié [1/2] x par la masse exprimée en kg x par la vitesse exprimée en mètres/seconde au carré.
https://www.bourgognepeche.fr/stage-peche-mouche.html
Voici ci-dessous dans la micro photo, le bas de ligne TLT standard de 4,55 mètres utilisé par Malik Mazbouri, instructeur T.L.T., pour le test comparatif des deux cannes italiennes TLT, style italien, de 7'6 : Hotfly ISC V2 # 3 et Pozzolini TRT # 3/4 citées ci-dessus pour la bonne réalisation du porte-moulinet avec vissage vers le bas. Ce bas de ligne fortement dégressif est donc par nature très rapide. Voici également la formule de bas de ligne de 3,55 m à 4,55 m donnée par Marcel Formica, également instructeur T.L.T., dans la Vidéo DVD n° 27 de Pêches Sportives : un talon de 150 cm en 50/100, puis 60 cm de 40/100, 30 cm de 30/100, 15 cm de 20/100 et une pointe de 1 à 2 m.
Voici la traduction du texte ci-dessus figurant à la fin d'une vidéo — consacrée à la TLT et diffusée sur Truites & Cie — où l'on voit Roberto Pragliola exécuter le lancer angulaire :
"Le lancer angulaire est le lancer de base de la technique de lancer total.
Trois éléments la caractérisent : Trajectoire angulaire ; Vitesse explosive ; Une boucle serrée.
Le lancer angulaire est à la fois le lancer de base et aussi l'expression la plus extrême de la technique.
C'est un lancer qui place la manière de poser et de présenter l'artificielle sous une perspective différente.
Il a été conçu comme l'ensemble de la technique de lancer total de Roberto Pragliola".
Précisions terminologiques : En italien, l'adjectif "angolàto" signifie "anguleux" ou "angulaire", "en diagonale", "en biais" ou encore "incliné". L'adjectif "angolàre" signifie "angulaire" et en termes de physique, "accélération, vitesse angulaire" [c'est-à-dire "vitesse de rotation"]. Le verbe "angolàre" signifie "disposer en forme d'angle" ou "tirer en diagonale". En français, l'adjectif "angulaire" renvoie à l'adjectif "angolàre" et en termes de physique, "accelerazione, velocità angolare". Enfin, le mot "velocità" signifie "vitesse" et en termes de physique, il signifie "vitesse angulaire", c'est-à-dire "vitesse de rotation".
Il résulte des deux photos ci-dessus extraites de la vidéo précitée que le déplacement translatif + rotatif de la main de Roberto depuis le début de l'arraché — ou la fin du lancer avant — jusqu'au blocage arrière amorti est d'environ 60 cm, alors que le débattement de la canne, dans un plan oblique, mesuré fictivement sur un cadran horaire s'étend approximativement de 9h30 jusqu'à 14h30. Il ne faut donc pas confondre l'amplitude du déplacement rectiligne de la main — élément fondamental pour la comparaison entre tous les différents lancers imaginables — avec l'amplitude du débattement total de la canne en arc de cercle analogue à celui produit par le mouvement d'un essuie-glace !
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