Source : article paru dans le "Viener Zeitung" — Journal Viennois — supplément "extra", du 28. 08. 2022 et avec l'autorisation écrite de M. Gérald Schmickl, responsable de rédaction de l'équipe "Extra", pour sa publication en français.
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CHARLES RITZ : Prophète de la pêche à la mouche
L'héritier suisse de l'hôtel était un passionné de pêche et amoureux de la Traun de Gmunden. Un souvenir.
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Avec ma traduction en français de l'article écrit par M. Manfred Christ, journaliste scientifique, réalisateur de documentaires et pêcheur (Kamp, March, Lobau) et avec son accord écrit. Et en fin de cet article, la copie de la page 33 du Viener Zeitung Extra que m'a communiquée par mail le 13/02/2023, M. Albert Pesendorfer, photographe et président de l'association des "Amis de la Traun de Gmundner" et avec son accord écrit pour l'utilisation des ses photographies d'archive.
A amené la haute société à Gmunden : Charles Ritz, 1976. © Albert Pesendorfer
La manière la plus artistique d'attraper des poissons est de pêcher avec un insecte artificiel, une "mouche" légère comme une plume, au bout d'une longue et lourde ligne que le pêcheur agite avec élégance pour la placer loin au large, au centimètre près, devant le nez d'un poisson.
La philosophie du bon lancer, de l'insecte correspondant et de la canne appropriée a élevé la pêche à la mouche au rang de science ou, selon le point de vue, de doctrine. Au 20e siècle, son prophète s'appelait Charles Ritz.
Ritz, un nom magique, encore aujourd'hui synonyme de luxe et d'élégance. Le groupe hôtelier Ritz-Carlton est aux mains des Américains et emploie 40 000 personnes. À cela s'ajoute l'hôtel indépendant Ritz à Paris, qui en est le symbole et le germe. Tout cela remonte à César, le père de Charles Ritz.
César Ritz était un jeune paysan de montagne suisse qui, dans la seconde moitié du XIXe siècle, est tombé dans le sillage des riches, des célèbres et des puissants en tant qu'apprenti et serveur, et a eu le talent de deviner leurs désirs et leurs goûts. Avec un sens de la perfection et une obsession frénétique, César Ritz a révolutionné l'industrie hôtelière. Il introduisit l'éclairage électrique, veilla à une propreté méticuleuse, installa pour la première fois une salle de bains dans chaque chambre, fonda les hôtels-restaurants, offrit du plaisir à ses clients et observa une stricte discrétion.
Son fils Charles, né en 1891, a en revanche déclaré que la pêche à la mouche était la chose la plus importante au monde, a construit des cannes à pêche en bambou, a tenté de perfectionner le lancer et a rassemblé autour de lui un grand nombre de disciples qui, à quelques exceptions près, étaient issus de la haute société. Ritz et ses amis pêchaient dans les rivières à truites, à ombres et à saumons les plus exclusives d'Europe et d'Amérique.
Ritz avec une truite de lac sur la Traun, 1938. © Archives Pesendorfer
Le centre de leur affection se trouvait en Haute-Autriche, à Gmunden sur la Traun, une rivière qui jouissait déjà d'une réputation internationale du temps de l'empereur. Car ici, en plus de la région enchanteresse, on trouvait des poissons à volonté. On racontait dans les années 1930 qu'il y en avait quatre par mètre carré. Il était possible de pêcher 50 à 60 ombres en une seule journée. Sans compter les truites de lac qui atteignaient un mètre de long - et un poids de huit kilos.
Ritz a écrit : "Quiconque a eu la chance de patauger dans cette rivière rêvera toujours de cette expérience". Et l'auteur américain Leonhard M. Wright Jr. est allé encore un peu plus loin : "S'il me restait huit heures à vivre, je n'irais pas en Nouvelle-Zélande ou au Canada, mais je viendrais sur la Traun".
Mais comment Charles Ritz est-il arrivé à la Traun ?
C'est en 1912, à l'âge de 21 ans, qu'il a découvert la pêche à la mouche grâce à son cousin. A cette époque, son père César était déjà gravement malade et se morfondait sans espoir dans une clinique privée suisse. La mère sévère de Charles, Marie-Louise, gérait les affaires. Les deux ne jouissaient pas d'une bonne relation. Son fils avait certes des goûts raffinés et s'intéressait à de nombreux domaines, mais pas aux hôtels.
En 1916, Marie-Louise l'avait envoyé au Ritz-Carlton de New York. Pour cent dollars par mois, Charles devait y travailler comme assistant de direction. En face, il y avait un grand magasin d'articles de sport, avec un stock complet d'équipement de pêche. Mais avec un salaire de seulement cent dollars par mois, il n'y avait rien à acheter. Charles s'est donc procuré des cannes à pêche d'occasion en bambou dans des brocantes et les a revitalisées avec un peu de vernis, de soie et de colle. Dans l'atelier de serrurerie au sous-sol de l'hôtel, il a tourné des poignées en liège.
"Le virus de la pêche"
Bientôt, il réussit à vendre ses cannes relookées. Les dollars s'accumulèrent et il put ainsi réaliser son plus grand souhait : un voyage de pêche au Canada. "J'avais ainsi contracté le virus de la pêche, qui m'empêcha dès lors de consacrer mes forces à ma carrière hôtelière".
Vers 1937, Ritz retourne définitivement en Europe. A Paris, il se créa un laboratoire privé derrière la façade d'un magasin de chaussures de luxe, rempli de cannes, de manchons, de fils de soie, de moulinets et d'instruments de précision. Tous les soirs, la communauté des fidèles s'y réunissait et Ritz prêchait sa nouvelle et merveilleuse vision du monde de la pêche à la mouche. Au plus tard à ce moment-là, il avait fait de la physique des cannes, de la mécanique des lancers et des courbes de test des épissures en bambou le but de sa vie.
Ce doit être à la fin des années 1920 que Charles, sur la recommandation d'un commerçant munichois, s'est rendu pour la première fois au bord de la Traun à Gmunden - et avec lui un cortège de la meilleure société internationale.
Albert Pesendorfer, président de l'"Association des amis de la Traun de Gmundner", qui gère aujourd'hui le cours d'eau, a minutieusement documenté Ritz et son époque : "A l'époque, seuls les gens riches pratiquaient la pêche à la mouche. Quand on pense à tous ceux qui venaient ici, il y avait des Bentley et des Rolls Royce, c'était inimaginable".
Charles Ritz lors de son activité favorite, 1976. © Archives Pesendorfer
Dans le sillage de Charles Ritz, des princes et des princesses, des professeurs, des hommes d'affaires fortunés, des gérants de casinos, des directeurs de banques et des militaires comme le général Eisenhower et les chefs de l'armée de l'air américaine et de la CIA ont pêché dans la Gmundner Traun - propriété des forêts fédérales autrichiennes. Au milieu de tout cela, deux autochtones que Ritz comptait parmi ses amis proches : Hans Gebetsroither et Emmerich Schwarzäugl. Gebetsroither deviendra plus tard presque aussi célèbre que son mentor en tant que pêcheur à la mouche.
Les différences de statut social étaient certes perceptibles, mais elles n'étaient pas vécues. Albert Pesendorfer : "Je crois que la passion unissait les gens comme un conglomérat. Au sujet de la passion, cela n'avait plus d'importance que ce soit un cordonnier normal ou ceci ou cela".
Un bon yodler
Lorsque Charles Ritz venait pêcher, c'était généralement dans une voiture remplie jusqu'au toit : une douzaine de cannes, des bottes de gué de différentes longueurs, des jetés de pluie, des moulinets, des lignes de mouche, des boîtes à mouches, des boîtes à outils, des provisions, du matériel photographique. Avec tous ces bagages, il lui restait à peine de place dans sa Cadillac pour conduire. Pour pouvoir atteindre les pédales avec les pieds, il avait vissé des blocs de bois sur celles-ci. Ritz ne mesurait que 1,65 mètre. Comme il se doit pour un vrai Suisse, il savait bien yodler. Ce qu'il faisait de préférence lorsqu'il avait un poisson difficile à attraper à l'hameçon.
A la fin des années 1960, il s'esquissait avec un clin d'œil dans la liste des membres du club de pêche exclusif de Fario : "Fait souvent la tête comme s'il avait croqué dans une pomme acide, mais est obsédé par la pêche, les cannes à mouche et le lancer".
Ritz a fondé le Fario Club (du nom latin de la truite de rivière Salmo trutta fario) en 1958. Les noms les plus célèbres y étaient représentés, l'élite des pêcheurs à la mouche de tous les continents. Une fois par an, ils se réunissaient à l'hôtel Ritz à Paris pour un banquet. C'est à cette occasion que Hans Gebetsroither a réussi à faire passer le prix Nobel de littérature Ernest Hemingway sous la table.
Après la Seconde Guerre mondiale, Marie-Louise, la mère dominatrice de Charles, s'est retirée de la direction du Ritz parisien en faveur de son fils. Elle avait 78 ans et son fils 54. Jusque-là, Charles Ritz n'avait jamais été impliqué dans la gestion de l'hôtel. Il écrivait : "A la fin de la guerre, je n'avais qu'un seul grand désir : revoir ma Traun bien-aimée".
Éloge d'Hemingway
Or, il se trouve qu'il devait consacrer son temps à l'hôtel. Dans un flux et reflux d'affaires, il commença à moderniser le Ritz parisien. Parallèlement, il acheva l'"Évangile" sur lequel il avait travaillé pendant tant d'années. Il est paru en 1953, l'édition allemande sous le titre "Erlebtes Fliegenfischen".
Albert Pesendorfer : "Ce n'est pas un livre pour débutants, mais il l'a fait habilement avec des anecdotes qui vous entraînent dans cette passion. Le Ritz a allumé la flamme chez beaucoup".
La "bible" de la pêche à la mouche de Charles Ritz dans une réédition américaine en 1972. © Archives Pesendorfer
Hemingway écrivit après la parution du livre : "Peu de gens ont le privilège de parcourir tous les horizons en pêchant comme Monsieur Charles. Mais quelle que soit la marche du monde, ils seront encore moins nombreux à pêcher aussi bien que lui".
La magie de la Gmundner Traun s'est estompée en 1967 avec la construction d'une centrale électrique. L'ère de Ritz et de son illustre entourage s'est ainsi tristement terminée. Albert Pesendorfer : "Quand ils ont construit la centrale électrique, j'étais un garçon de treize ou quatorze ans, le chef de chantier m'a dit : "Je sais maintenant que je n'ai jamais vu autant de poissons de ma vie et que je ne verrai plus jamais autant de poissons...". C'était inimaginable".
Comme il n'avait pas de descendance, mais qu'il éprouvait une grande affection mutuelle, Charles a épousé en 1971 Monique Foy, de 31 ans sa cadette, et l'a placée au conseil d'administration de l'hôtel. Il est décédé en 1976 à l'âge de 85 ans. Des décennies plus tard, Monique Ritz le caractérisait avec admiration : "C'était un homme généreux au cœur d'or et il émanait de lui un calme et une confiance incomparables".
La signature de l'héritier de l'hôtel... © Archives Pesendorfer
Albert Pesendorfer, qui a profondément pénétré dans son univers mental grâce à ses recherches, peut comprendre ce qui a motivé Charles Ritz tout au long de sa vie : "Le lancer - ça ne vous lâche jamais. Le saut du soir, lorsque les truites remontent à la surface de l'eau pour attraper des insectes, c'est pour moi la perfection. L'odeur de l'eau ... Ce que nous avons encore pu vivre comme moments ...".
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Mise au point : Si j'ai décidé de publier cet article du journaliste scientifique autrichien, M. Manfred Christ, traduit en français et avec les photographies d'archive de M. Albert Pesendorfer, photographe et actuel président de "l'Association des amis — pêcheurs à la mouche — du Gmundner Traun", c'est, d'une part, pour l'intérêt qu'il présente pour les pêcheur à la mouche français ; et, d'autre part, parce qu'il me semblait juste de rétablir la vérité au sujet de son véritable auteur. En effet, un imposteur du net, chasseur dans le Gers, avec le pseudonyme de "Spiermaria", pour masquer sa véritable identité, publie sur son blog "parlonschasse.com", des articles d'actualités dont il se dit être l'auteur ! Or, au moins l'un d'entre eux ne l'est pas. C'est manifestement le cas pour cet article au sujet de Charles Ritz : Prophète de la pêche à la mouche, qui a été recopié tel quel, mal traduit par endroit et sans aucune autorisation autrichienne !
Etant juriste de formation (D.E.A droit privé de la Faculté de droit de Dijon, ancien Doctorant d'Etat à l'université de Paris IX-Dauphine et ancien Attaché Temporaire d'Enseignement et de Recherche à la Faculté de droit du Dijon), il m'a semblé légitime de me courroucer contre cette injustice qu'est le plagiat ! Cette contrefaçon est un délit pouvant être punit de 3 ans d'emprisonnement et de 300 000 € d'amende (Article L335-2 Modifié par LOI n°2016-731 du 3 juin 2016 - art. 44 du Code de la propriété intellectuelle)"Toute édition d'écrits, de composition musicale, de dessin, de peinture ou de toute autre production, imprimée ou gravée en entier ou en partie, au mépris des lois et règlements relatifs à la propriété des auteurs, est une contrefaçon et toute contrefaçon est un délit. La contrefaçon en France d'ouvrages publiés en France ou à l'étranger est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. […]". Et l'organisme compétent pour faire un signalement de contrefaçon est : la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répressions des Fraudes.
J'ai averti l'auteur de cette malhonnêteté en lui adressant un premier mail par la boîte interne de son blog à la page contact. Mais il n'y a eu aucune réponse de sa part ! Avant d'entreprendre un signalement de cette contrefaçon auprès de l'organisme compétent, j'ai réitéré auprès de cet auteur indélicat ma demande de retrait de son article ou d'écrire un autre article non plagié, par une mise en demeure "diplomatique", toujours demeurée sans réponse.
Pour ma part, la procédure de demande d'autorisation de publication écrite auprès de l'auteur autrichien de cet article, M. Manfred Christ, de l'auteur des photographies d'archive, M. Albert Pesendorfer et du responsable de publication de l'équipe "Extra" du prestigieux journal autrichien Viener Zeitung — le plus vieux quotidien au monde et propriété de la République d'Autriche —, M. Gérald Schmickl, est achevée. Lundi 13 février 2023, M. Albert Pesendorfer m'a répondu favorablement ; le mardi 14 février 2023, il en fut de même pour M. Manfred Christ ; et le mercredi 15 février 2023, M. Gérald Schmickl, ma donné son autorisation au nom du "Viener Zeitung Extra". Je les remercie vivement pour leur soutient et leur diligence. Par ailleurs, ma démarche d'indignation contre ce plagiat est une manifestation d'une "Lutte pour le Droit" comme l'a magnifiquement bien défendu le juriste, romaniste allemand, de la fin du 19 ième siècle, Rudolf von Jhering, dans un ouvrage d'anthologie du droit : "La lutte pour le droit", réédité en France par les éditions Dalloz en 2006, avec une présentation d'Olivier Jouanjan. Les grands quotidiens dans le monde, qui œuvrent pour la recherche de la vérité, contribuent grandement à la liberté d'expression de chacun, dans l'honnêteté !!!
https://www.bourgognepeche.fr/stage-peche-mouche.html
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