De même que Mozart ou Beethoven ont été touchés par la grâce de Dieu pour prophétiser leur art de la musique au plus grand nombre — l'Ode à la joie dans le dernier mouvement de la 9 ième symphonie de Beethoven est devenu l'hymne officiel de l'Union Européenne —, Charles Ritz a été également inspiré par le divin pour divulguer au plus grand nombre son art du lancer de la mouche avec une canne à une main. Alors qu'il a travaillé plusieurs années pour l'écriture de son "Evangile" paru en langue française, en France en 1953, sous le titre de « Pris sur le vif », ouvrage réédité une seule fois en 2002, sans modification, et contenant sa méthode de lancer de la mouche classique ; sa « Bible » parue en langue anglaise, en Angleterre et aux Etats-Unis, sous le titre de « A Fly Fisher's Life, The Art and Mechanics of Fly Fishing (New édition revised and greatly enlarged) » [La vie d'un pêcheur à la mouche, L'art et la mécanique de la pêche à la mouche (Nouvelle édition revue et augmentée)], constitue la dernière édition publiée, à Londres, en 1972 qui intègre sa nouvelle méthode moderne du "lancer mouche HS-HL" (d'autres éditions ont eu lieu antérieurement et d'autres réimpressions ont eu lieu ultérieurement, par exemple, en Angleterre en 1977 et aux USA en 1999). Son ouvrage fut également traduit en allemand avec quatre éditions et une cinquième pour le cinquantième anniversaire : Charles C. Ritz. Erlebtes Fliegenfischen. Kunst und Technik des Fliegenfischens auf Äschen, Forellen und Lachse - 50 Jahre Jubiläumsausgabe, Müller Rüschlikon, 2007 (Pêche à la mouche vécue/expérimentée. Art et technique de la pêche à la mouche de l'ombre, de la truite et du saumon - édition du 50e anniversaire, 2007). Il a également été traduit en italien notamment par Osvaldo Velo : Charles Ritz, una vita per la pesca, 2001 et en japonais, dont une nouvelle traduction a été réalisée par Kuni Shibano en 2017.
A la simple énumération des nombreuses éditions et réimpressions étrangères de son livre, on constate selon le proverbe : « Nul n'est prophète en son pays », c'est-à-dire qu'« il est plus difficile d'être cru de ses proches que des autres », que l'audience de Charles Ritz a eu un bien plus grand retentissement à l'étranger qu'en France. Une seule réédition identique de son ouvrage en France après cinquante ans et rien depuis vingt ans ! Mais ce n'est pas seulement une question de quantité, c'est aussi, et surtout, une question de qualité, dans les éditions successives publiées en Angleterre et aux USA, etc…, en ce qui concerne l'évolution de la technique de son lancer de la mouche ! En effet, dans l'édition française de "Pris sur le vif", en 1953 et en 2002, au chapitre 8 : Le lancer (17 pages), Charles Ritz insiste surtout sur le fait d'abandonner la règle absolue du coude collé au corps et de ne lancer que du poignet, selon l'école anglaise classique d'Halford et d'utiliser l'ensemble du bras (depuis la main, le poignet, l'avant-bras, le coude, le bras et l'épaule, jusqu'à ce que la main arrive à la hauteur de la tête à l'issue de la trajectoire ascensionnelle, lors de l'arraché) (p. 205). Puis, dans la page 206 suivante, il constate que le mouvement instinctif du lancer, pour un lanceur moyen, est un va-et-vient de la canne, sur un cadran horaire fictif, de 10h00 à 2h00 maximum qui entraine une trajectoire circulaire de la pointe du scion. [Autrement dit, la soie a la forme d'une ligne courbe convexe ou de la bouche d'un smiley de tristesse]. Cela a pour conséquence d'engendrer de larges boucles lors du trajet de la soie et de provoquer occasionnellement des touchettes de la mouche sur l'herbe, lors du lancer vers l'arrière. Pour y remédier, Charles Ritz suggère que la pointe du scion transmette la force d'accélération sur une trajectoire aussi horizontale que possible, sur le cadran horaire fictif, entre 11h00 et 1h00, pour obtenir une ligne plus tendue et des boucles de soie plus serrées. [Comme cela n'est pas dit dans le texte, je rajoute que cela veut dire que la main doit tirer en arrière et pousser en avant sur un segment horizontal d'environ 35 cm pour produire un chemin de lancement de la force accélération sur une ligne droite horizontale]. En procédant ainsi, cela permet d'introduire dans le lancer, une action translative secondaire dans le mouvement de la main, pour contrer l'inévitable mouvement naturel rotatif principal produit concomitamment lors de la tirée et la poussée de la main sur le talon de la canne. A cette époque, en effet, les cannes en bambou refendu françaises ont généralement une action parabolique, c'est-à-dire qu'elles fléchissent progressivement et sont moyennement rapide depuis la poignée. Et comme le point d'appui de la canne est situé juste au-dessus de la poignée, le lanceur devait appuyer sur cette partie de la canne pour bien la mettre en œuvre. Mais il devait aussi le faire correctement pour que l'énergie produite soit transférée le plus rapidement possible jusqu'au scion et donc ensuite à la soie, sans quoi son lancer était moins efficient. Voilà sommairement décrite la méthode de lancer de la mouche classique de Charles Ritz, en 1953, dans son livre "Pris sur le vif".
Maintenant, qu'en est-il de la nouvelle méthode de lancer de la mouche dite "Moderne" que Charles Ritz a publiée dans son ouvrage "Pris sur le vif" traduit et révisé en anglais : « A Fly Fisher's Life », Londres, 1972, précité ci-dessus ? Le lancer mouche HS-HL (High Speed - Grande Vitesse — High Line - Ligne Haute) y figure de la page 38 à la page 56 (soit 19 pages de textes + les photos), principalement pour le lancer HS-HL vertical, avec une canne à une main et dont les 4 pages finales (de 53 à 56) sont consacrées au lancer HS-HL vertical, avec une canne à saumon à deux mains. Pour faire connaître son nouveau lancer moderne en France, Charles Ritz a publié un article dans la revue Au Bord De l'Eau, en janvier 1964 (références citées ci-dessous en bibliographie) en le présentant comme une technique révolutionnaire. A l'époque, Charles Ritz a écrit p. 79 (fin de la colonne de droite) : « Je crains que la technique H.S.-H.L. ne soit trop peu [ou pas] connue [en France], ou qu'elle n'ait — pour autant que je le sache — jamais été expliquée ; l'objet de cet article est donc de la faire connaître… ». Comme cet article est aujourd'hui difficile à se procurer, je vous ai scanné les pages pour vous en faire profiter. Hans Gebetsroither et Charles Richter n'énonçaient-ils pas : « A quoi sert la richesse de l'expérience si elle n'est pas partagée ? ». En effet, il faut préciser qu'en 1964, d'une part, que la pêche à la mouche n'était une activité sportive pratiquée que par une certaine élite ; et, d'autre part, que la revue Au Bord De l'Eau n'était pas forcément lue par tout le monde et que ceux qui la lisait ne s'intéressaient pas forcément à la pêche à la mouche. Pour couronner le tout, dans cet article, il y a des sigles pour abréger des mots anglais, ainsi que des schémas avec des légendes en anglais ! De quoi vous refroidir le pêcheur moyen qui pensait que cela était bien trop "So British" pour lui ! Doux euphémisme, pour dire un peu trop "snob" à son goût ! En outre, si l'on n'avait pas une relation qui connaissait un des membres de l'International Fario Club — le club de pêche à la mouche le plus sélect au monde créé par Charles Ritz — ou une relation introduite dans une "loge maçonnique halieutique", la méthode du lancer de la mouche HS-HL n'était pas pour vous ! Ne rigolez pas, car même aujourd'hui, très peu de pêcheurs à la mouche d'un certain âge ou de guides de pêche à la mouche ou de centres de formation des moniteurs français connaissent l'existence de cette méthode de lancer créée par un de nos plus illustres pêcheurs à la mouche : Charles Ritz. J'ai encore la contre-épreuve de ce que j'avance avec une confession récente d'un de mes amis — pêcheur expert — , une "vieille main pour la pêche à la mouche" d'un âge respectable, qui a eu la chance d'apprendre le lancer de la mouche au Cercle du bois de Boulogne, à Paris, juste au début des années 1980. Son instructeur, un grand Monsieur de la pêche, membre de T.O.S., ne lui a pas mentionné l'existence de cette technique de lancer HS-HL de Charles Ritz. Pourtant, l'étang du Tir aux Pigeons fut un haut lieu d'entrainement parisien pour Charles Ritz et de son ami Pierre Creusevaut, l'unique champion du monde de lancer de distance que la France ait connu. Pour finir, de là à s'imaginer, vu l'appétence du peuple français pour l'apprentissage de la langue anglaise, que la sortie en 1972, en Angleterre, du livre "A Fly Fisher' Life" allait être le livre de chevet des pêcheurs à la mouche français pour chercher à connaitre la méthode de lancer HS-HL, il ne fallait pas rêver ! Bref, on comprend mieux pourquoi notre brillant prophète français de la pêche à la mouche, en prêchant dans l'immensité du désert français, n'a pas pu convertir une cohorte d'apôtres pour répandre la bonne parole du lancer HS-HL. Le mauvais sort a voulu encore que le décès de Pierre Creusevaut en 1974, suivi par celui de Charles Ritz en 1976 et du déclin de la maison Pezon et Michel en raison de l'apparition du carbone finissent par occulter en France la diffusion cette technique moderne de lancer. Mais si un lecteur de cet article veut faire l'acquisition du livre "A Fly Fisher's Life", édition de 1972, il pourra le faire pour une somme de 20 € ou $ ou l'équivalent en £ (port compris) et il ne le regrettera pas, car c'est un ouvrage fondamental à avoir dans sa bibliothèque et je l'y encourage fortement ! Même s'il ne maîtrise pas bien l'anglais, Google Trad et Linguee pourront l'aider. Les imposteurs du net (dont un chasseur français du Gers) qui traduisent des articles étrangers (celui d'un journaliste autrichien professionnel, Manfred Christ, publiant dans le Viener Zeitung sur Charles Ritz, avec une photo d'Albert Pesendorfer, président du Gmundner Traun, plagiée aussi !) pour les publier sur leur blog en prétendant les avoirs écrits y ont recours et cela se voit, car certains passages étant mal traduits sont postés tels quels !!! Mais selon la réplique culte de Michel Audiard : "Les cons, çà ose tout ! C'est même à çà qu'on les reconnaît." !!!
Ce moment d'indignation passé, je reviens à l'article publié par Charles Ritz dans la revue Au Bord De l'Eau en 1964 pour vous en donner mon interprétation et pour insister sur l'intérêt qu'il présente pour moi en tant que moniteur et son utilité au regard de l'évolution de la méthode du lancer de la mouche en France. Juste avant cela, je suis obligé de donner quelques considérations relatives au matériel utilisé à l'époque, pour que le lecteur comprenne certaines précisions données par Charles Ritz. Ce dernier utilisait le fleuron d'une des productions de la marque Pezon et Michel, la canne en bambou refendu Super Parabolic PPP Fario Club type Ritz de 8'5 # 5/6 qui pèse 155 g et un moulinet automatique de la même marque, le Parabolic Automatic pesant environ 250 g avec la une soie naturelle de # 5, avec un total de masse de 405 g à manipuler ! (J'ai cette même canne Fario Club couplée avec un moulinet semi-automatique Vivarelli et une soie naturelle identique [poids total de 305 g] que j'ai utilisée pour vérifier sa nouvelle méthode en conditions presque identiques [avec 100 g en moins !]). Pour lancer avec ce type de matériel, il faut avoir de bons muscles, avec de la force, pour vaincre la loi de l'inertie de Newton afin de mettre en mouvement une masse relativement importante !!! C'est la raison pour laquelle Charles Ritz insiste sur le fait de serrer la poignée et sur la contraction et le blocage de certaines zones musculaires. De plus, pour Charles Ritz, un bon lancer doit avoir une longueur d'environ 15 à 18 mètres et doit être effectué avec une soie tendue à l'horizontale, donc parallèle à l'eau, pour correspondre à son style. Il en résulte que les schémas présents dans son article ont été dessinés en tenant compte de ces paramètres.
Concrètement, je vous fais une description chronologique en ne retenant que l'essentiel selon une vue de profil du lanceur, comme dans la figure 2 de l'article de Charles Ritz, p. 80 (voir ci-dessous). 1°) Il tient sa canne avec le pouce au-dessus de la poignée pour avoir un maximum de force. 2°) Il incline son poignet et la canne vers le bas pour faire en sorte que lorsqu'il va la soulever pour décoller sa soie de l'eau, il commence déjà à pré-charger sa canne et cela permettra d'obtenir un maximum d'amplitude dans le mouvement. 3°) Il relève progressivement son poignet et la canne, et soulève aussi un peu verticalement son coude pour que la canne arrive à un angle de 45° ou 10h00 afin de terminer le soulèvement de la soie (le lift). 4°) Il démarre ensuite son arraché d'une manière énergique en continuant sa rotation du poignet et du coude jusqu'à ce que la canne soit à environ 11h00 et cela pour avoir une accélération progressive de la vitesse transmise par sa main. 5°) Enfin, il élève sa main et son coude sur environ une vingtaine de cm jusqu'à 11h30 pour avoir un maximum de vitesse donnée par la main, à la canne et donc à la soie, juste avant de faire le blocage de la main et de la canne autour des 12h00 ou 90° ou de la verticale. Cette dernière forte accélération (loi de Newton) réalisée en élévation va produire une ligne droite et ce que l'on appelle en biomécanique une notion de "dissociation" au cours de laquelle le mouvement est fondé au départ sur une "rotation" des articulations [poignet/coude] pour finir par une "translation" ascensionnelle de la main et du coude par rapport à l'épaule. Il en résulte que la soie va être projetée, à grande vitesse d'une manière ascensionnelle sur un angle d'environ 30/35°, "vers le haut". Cela lui permet de rester en hauteur plus longtemps et de vaincre ainsi une autre loi de Newton : la gravité. C'est ce que l'on peut voir sur le croquis de la figure 1 de l'article de Charles Ritz, p. 79. A gauche, avec la nouvelle méthode moderne de lancer, on a un arraché arrière élevé (Up cast) formant au départ une courbe convexe, puis une droite "linéaire", sortant de l'arc du cercle global, matérialisée par une flèche, après le blocage arrière, permettant de réaliser une élévation de la soie. Mais ce que l'on voit dessiné n'est qu'une conséquence de l'élévation préalable de la main qui en est la cause. Le dessin aurait dû comporter d'abord une courbe convexe, puis un trait droit presque à la verticale sortant de l'arc de cercle et représentant l'élévation rapide de la main et enfin la flèche matérialisant la soie tendue d'une manière rectiligne et ascensionnelle.
Pour compléter ce que je viens d'énoncer, je vous présente les choses d'une manière différente sous un autre angle, c'est-à-dire avec la vue, non plus de profil, mais de face de la position de la main par rapport à la tête du lanceur, à la fin de l'arraché. Imaginez-vous face à une glace avec votre main droite tenant la poignée de la première section d'une canne à mouche en carbone. Dans le cas d'un arraché selon la méthode de lancer classique avec le coude collé au corps, à la fin du mouvement, votre pouce est environ à 7 cm au-dessus de votre épaule et est aussi juste à la hauteur ou en dessous du menton de votre tête. A l'issue de la méthode moderne de Charles Ritz, votre pouce est à la hauteur de vos yeux. Il y a donc déjà une distance d'élévation supérieure de votre main par rapport à la méthode classique, de 10 cm entre le bas de votre menton et vos yeux. Et enfin, à l'issue de la méthode contemporaine du lancer linéaire et angulaire, de base, à la française, votre pouce est à la hauteur du sommet de votre crâne, soit encore 10 cm de plus d'élévation de votre main par rapport à la méthode de Charles Ritz. On peut voir que dans l'avant dernière photo de mon article que, Jon Tarantino, champion du monde américain de lancer, a quasiment la main à la hauteur du sommet de son crâne, c'est-à-dire qu'il est presque dans la Key Position ou la position clé que l'on doit avoir aujourd'hui à la fin de son arraché. On voit aussi sur la photo en question tirée du livre, A Fly Fisher's Life, 1972, p. 30 ter, que le poignet de Jon Tarantino est droit et que l'extrémité du porte moulinet de sa canne est contre son avant bras en position verticale et que son bras est en position horizontale. Cette excellente "position clé" est celle enseignée aujourd'hui par les moniteurs français, agréés FFPML, ainsi que par les instructeurs anglo-saxons, car elle est devenue universelle. De même, on constate qu'il contrôle du regard la descente de sa soie qui était fortement élevée à l'issue du blocage arrière de son lancer HS-HL. Et dès que la ligne de sa soie sera juste au-dessus de l'horizontale, il déclenchera son lancer vers l'avant.
S'agissant maintenant du lancer vers l'avant dans la technique moderne de lancer de Charles Ritz, l'auteur, dans son article de 1969, p. 80 (colonne de droite à la fin), est assez bref, à juste titre, dans la mesure où plus le lancer arrière en élévation rapide (avec une grande vitesse progressive) a été correctement exécuté, plus le lancer vers l'avant sera facile à réaliser avec moins d'effort en vertu d'une autre loi de Newton : la réaction. Concrètement et chronologiquement, 1°) dès que le lanceur a contrôlé visuellement la hauteur de sa soie et la vitesse du début du retournement de son bas de ligne sur le lancer arrière, c'est-à-dire l'extension de sa soie à l'horizontale (pour un débutant ou un débrouillé) ou dès qu'il sent la traction de la ligne sur la pointe du scion (pour un confirmé ou un expert), il met en action sa force de poussée vers l'avant [depuis la position de sa main située à la "position clé"]. 2°) A partir de cette verticale, il dirige ensuite sa main en direction de la cible à atteindre selon une trajectoire avec un angle approprié. Dans l'hypothèse d'un lancer avec le style de lancer de Charles Ritz, c'est-à-dire un assez long lancer, la trajectoire de la ligne est au dessus de l'horizontale pour pouvoir planer. 3°) Puis, il dirige sa main en continuant à pousser vers le bas de façon à avoir son avant-bras à l'horizontale ; et, sa main et sa canne à 10h00 ou 45° pour réaliser le blocage avant (voir la dernière photo en bas de cet article, où la canne de Charles Ritz est à 45° lors de son blocage avant). 4°) Enfin, vers la fin du déroulement de la soie, il soulève légèrement le coude, pour retarder l'abaissement de la pointe du scion et pour obtenir un déroulement du bas de ligne d'une manière amortie et réaliser ainsi une belle présentation [douce] de la mouche.
Voilà ce qu'il faut retenir, selon moi, des deux premières pages de l'article de Charles Ritz publié en 1964 dans la revue Au Bord De l'Eau. Je vous ai dit que le contenu de cet article au sujet du lancer moderne HS-HL de Charles Ritz et surtout de celui qui figure dans son dernier livre "A Fly Fisher's Life" de 1972 présente pour moi un vif intérêt en tant que moniteur. En effet, il permet de voir les liens qui existent entre la méthode de lancer de Charles Ritz et celle de son ami autrichien Hans Gebetsroither sur le final de son arraché Ovale également en élévation rapide pour passer au dessus des buissons (Dans le même sens, le Maître Instructeur EFFA austro-suisse Günter Feuerstein), le soulèvement du coude sur le final de son lancer avant identique à celui opéré par l'italien Roberto Pragliola ou encore son mouvement global de l'arraché ressemblant en partie à ceux, par exemple, de l'américaine Joan Wulff ou de l'américain Jason Borger (la doublure de Brad Pitt dans le film "Et au milieu coule une rivière") ou du danois Henrik Mortensen, pour l'utilisation d'une canne à une main. La méthode de Charles Ritz présente aussi une grande utilité pour moi au regard de l'évolution de la méthode du lancer de la mouche en France. Je me suis effectivement posé la question de savoir comment et à partir de quand, Roger Gentelet et Jan Astier ont conçu leur "méthode de lancer de la mouche linéaire français" ? J'ai d'abord pensé qu'en tant que compétiteurs pour l'équipe de France de pêche à la mouche (avec 9 médailles d'or aux championnats du monde de pêche à la mouche seniors en 2019), ils s'étaient peut-être inspirés d'autres méthodes utilisées par d'autres compétiteurs étrangers ou lu des ouvrages d'auteurs étrangers ? Mais après avoir enfin lu la méthode française de Charles Ritz, je crois qu'ils n'avaient pas besoin d'aller chercher à l'étranger, car ils avaient tous les éléments en France ! Je subodore que Roger Gentelet et Jan Astier ont pu concevoir leur "méthode de lancer de la mouche linéaire français", simplement en extrapolant et en développant rationnellement ce que Charles Ritz n'avait pas suffisamment mis en avant dans sa méthode de lancer moderne. Je pense effectivement que Charles Ritz n'avait pas tout à fait conceptualisé que la partie finale de son arraché n'était pas une courbe, mais bien une ligne droite produite par l'élévation à grande vitesse, c'est-à-dire une trajectoire linéaire. Même si elle n'en représentait que 20% de l'ensemble de son arraché, cela était suffisant pour produire une trajectoire tendue, donc linéaire de la ligne. J'en veux pour preuve que dans son article de 1964 p. 81 (colonne de gauche vers le haut), Charles Ritz écrit : " Dans la pratique, aucun lanceur n'a pu m'indiquer quelle courbe du poignet il utilisait". Puis dans son livre de 1972 (p. 39 au début), au sujet de l'histoire de sa méthode, Charles a demandé à Pierre Creusevaut de regarder son geste pour savoir ce qu'il faisait exactement et Pierre a dit : "Je vois toujours ta ligne très rapide, mais je ne sais pas comment tu l'obtiens." Bref, ils en étaient encore au stade de l'induction dans leurs recherches en 1963. Or, Roger Gentelet était compétiteur en matière de lancer de distance pour la mouche et Jan Astier a été professeur d'éducation physique et membre de l'équipe de France de pêche à la mouche dès le début des années 1980. Par conséquent, en constatant que le lancer de Charles Ritz produisait une ligne tendue, cela ne pouvait être qu'à l'issue d'un mouvement en partie linéaire, fut-il relativement court sur son final. Dès lors, ils ont pu aisément créer une méthode de lancer linéaire en raisonnant par déduction à partir des recherches en biomécanique pour les lancers dans le sport : d'abord, sur les principes fondés sur les lois de Newton (inertie, accélération, réaction) et ensuite sur les notions de (chemin de lancement, dissociation, appuis, trajectoire et facteurs aérodynamiques), etc… (Voir l'ouvrage de Mme Dominique Daumail et de M. Frédéric Aubert, cité en fin de bibliographie). Maintenant que je pense avoir cerné le comment, il me reste à découvrir le quand !
Dans un prochain article consacré à "La méthode HS/HL de Charles Ritz pour lancer la mouche" analysée par son ami Pierre Creusevaut, je développerai davantage ces questions de biomécanique étudiées pour l'athlétisme, en donnant des précisions sur le fait que ce n'est pas un engin (un javelot, par exemple) qui est propulsé par la main du lanceur, mais une ligne qui est une masse étirée propulsée par un outil, la canne à mouche, tenue par la main du lanceur. Il faudra donc tenir compte aussi des données de biomécanique (point d'appui de la canne, chemin d'impulsion…) et de physique par rapport à cet instrument de lancer qu'est la canne à mouche. Il faut bien faire languir un peu le lecteur !
Bibliographie, biographies, hommages dans les articles de presse : Charles Ritz : Le lancer de la mouche HS-HL [High Speed - Grande Vitesse — High Line - Ligne Haute], une technique révolutionnaire. Revue Au Bord De l'Eau [A.B.D.E.], n° 330 janvier 1964, pp. 79 et 80 ci-dessous en fin de page (Les pages 81 à 83 seront publiées sur ce blog dans un prochain article consacré à "La méthode HS/HL de Charles Ritz pour lancer la mouche" analysée par son ami Pierre Creusevaut, multiple champion du monde de lancer. Cependant, l'intégralité des cinq pages de cet article est déjà publiée dans le "Coin des bibliophiles pour la pêche à la mouche" de mon site internet). Cet article de Charles Ritz fut publié auparavant au cours de l'hiver 1963 en Angleterre dans le Bulletin du Fly Fishers Club de Londres et dans la revue Trout and Salmon (également en début 1964). En France, l'article fut également publié ensuite dans les revues T.O.S. et Les Plaisirs de la Pêche. Aux Etats-Unis, la publication a eu lieu dans le Fisherman's Digest, en Allemagne dans le Fischwaid et en Suisse dans le Fischerei ; Charles Richter : Charles Ritz, Une œuvre à redécouvrir. Pêche mouche Hors Série n° 7, juillet 1998, pp. 44 à 47 ; Manfred Christ (autrichien) : Charles Ritz. Prophète de la pêche à la mouche (en allemand). Viener Zeitung Extra, du 28/08/2022 [https://www.wienerzeitung.at/nachrichten/reflexionen/geschichten/2159218-Prophet-des-Fliegenfischens.html] ; Uwe Müller (allemand) : Histoire de la pêche à la mouche (en allemand), 2014, [https://troutfisherman.de/geschichte-des-fliegenfischens/] avec une vidéo de 1999 (en anglais) sur Charles C. Ritz au Temple de la renommée ou du Panthéon de la pêche de l'IGFA [https://www.youtube.com/watch?v=x8n5Yh2djnw&t=19s] ; Fabio Genovesi : Charles Ritz, le pêcheur (en français). Corriere della Sera, 2012 [https://sottoosservazione-wordpress-com.translate.goog/2012/01/06/charles-ritz-il-pescatore/?_x_tr_sl=it&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc] ; Pierre Affre : Le lancer de Charles Ritz, Le Comptoir Général [https://lecomptoirgeneral.com/magazine/culture-peche/article/charles-ritz/] ; Claude Saint André : Une heure avec… Charles Ritz. Dix ans de plaisirs… de la pêche, P.E.L. 1984, pp. 100 à 110 ; Claude Lamotte : Quand Charles C. Ritz lance la mouche dans les couloirs de son hôtel, Le Monde, 7 février 1973 (rubrique Archives) ; Joan Wulff : Joan Wullf’s Fly Casting Techniques, Illustraded by Francis W. Davis, Lyons & Burford, New-York, 1987, p. 5 (avec deux photos de J. McClane) où Joan à rencontré son ami "Charlie" lors d'un tournoi national français au Bois de Boulogne en 1948 et p. 197 où Joan charrie un peu son ami "Charlie" au sujet de ses cannes paraboliques conformées pour sa méthode de lancer "High Speed/High Line". ; Le lancer de la mouche, ses différentes techniques, traduction de Gabrielle et Christian Fourquet, Gerfaut, Paris, 1997. C’est le seul ouvrage américain presque complet — car il manque quelques chapitres et l’index par rapport à l’édition originale américaine — en langue française qui existe actuellement en France au sujet du lancer de la mouche avec une canne à une main et qui fait autorité en la matière. Voir la même remarque de Joan faite au sujet de l'époque "HS-HL" de son ami "Charlie", p. 181 ; Ouvrages sur les techniques des lancers : John Holden : Surf casting à l'anglaise, Techniques et matériel pour lancer plus loin, P.E.L. 1985, p. 11 Les principes élémentaires d'un bon lancer ; p. 16 Les techniques de base du lancer ; Dominique Daumail et Frédéric Aubert : Athlétisme 1. Les lancers, Revue EP.S, 2004 : Principes d'efficacité des lancers, Les lancers sous l'angle scientifique p. 14, Anatomie p. 14, Physiologie musculaire p. 14 et Biomécanique pp. 16 à 18.
https://bourgognepeche.typepad.com/blog/2023/02/charles-ritz-prophète-de-la-pêche-à-la-mouche.html
https://www.bourgognepeche.fr/coin-des-bibliophiles-pour-la-peche-a-la-mouche.html
https://www.bourgognepeche.fr/stage-peche-mouche.html
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