Pour faire suite à un précédent article où j'ai déjà commencé à présenter la méthode du lancer de la mouche HS-HL de Charles Ritz, je continue ici à vous la présenter en mettant surtout l'accent sur une hypothèse où Charles Ritz a voulu expliquer "comment commencer à apprendre sa méthode HS-HL de manière simple" (A). Il l'a fait brièvement dans son article publié dans le revue Au Bord De L'Eau, en janvier 1964, p. 82 et plus complètement dans son ouvrage "A Fly Fisher's Life" de 1972 de la page 50 à 53 (références citées ci-dessous dans la bibliographie). Une fois exposée et comparée avec ce qu'on appelle aujourd'hui le lancer au sommet du clocher, ou vers le ciel ou vers les étoiles, je vous parlerai du lancer HS-HL avec une canne à deux mains pour pêcher le saumon (B) qui a été seulement traité dans son livre en anglais de 1972, pp. 53 à 56. C'est sans doute dans ce domaine là que l'influence de Pierre Creusevaut a été encore plus significative.
A) Comment commencer à apprendre la méthode HS-HL d'une manière simple :
Pour apprendre le plus simplement et le plus facilement possible, Charles Ritz préconisait d'abord de ne se servir que de la main droite qui tient la canne et la soie, la main gauche étant dans la poche du pantalon ; et, ensuite , lorsque l'on s'entrainait, de garder toujours les yeux sur la ligne et la vitesse de lancer vers le haut [lors du lancer arrière ou arraché]. Je précise, car cela ne figure pas dans les textes de Charles Ritz, que l'objectif de ces deux principes fondamentaux étaient, d'une part, de ne pas perturber le lancer par une mauvaise gestion de rôle de la main gauche et de permettre d'avoir toujours un lancer arrière et avant sur un même axe de 180° ; et, d'autre part, d'avoir un contrôle sur la tension de la ligne [la plus rectiligne possible] et du retournement du bas de ligne, avec une boucle serrée. Ces deux principes sont toujours enseignés aujourd'hui lors de l'apprentissage du lancer linéaire et angulaire, de base, "à la française" et il en est de même aux USA, par exemple, selon la technique du lancer de la mouche de Joan Wullf (voir références ci-dessous en bibliographie) pour laquelle l'usage de la main gauche qui tient la soie n'est abordé qu'à partir de la p. 83 de son ouvrage de 1997.
Concrètement et chronologiquement, Charles Ritz préconisait pour réaliser le lancer arrière ou arraché de ce lancer particulier d'apprentissage de sa méthode HS-HL, de tendre le bras, l'avant-bras, le poignet, la main et la canne en position horizontale, puis de lancer [soulever] énergiquement vers le ciel, le bras à la hauteur de la tête et l'avant-bras et le poignet au dessus de la tête, avec la canne à la verticale, en vue d'attraper un nuage dans le ciel ! (voir la revue Au Bord De l'Eau, janvier 1964, p. 82 colonne de gauche en face de la figure 13, référence en bibliographie). Maintenant, pour le lancer vers l'avant, « la canne doit viser haut, en pointant le scion de la canne vers une cible imaginaire, légèrement plus haute que votre tête…» (voir son ouvrage anglais de 1972, A Fly Fisher's Life, p. 50, référence en bibliographie, car cela n'est pas expliqué dans son article de 1964). Quel était l'objectif de Charles Ritz dans sa description particulièrement elliptique de l'ensemble du mouvement de la canne dans son lancer de l'horizontale à la verticale sur l'arraché et inversement de la verticale à l'horizontale sur le lancer vers l'avant ? Eh bien, il voulait éviter que le lanceur débutant fasse instinctivement une rotation du poignet et du coude qui aurait projeté la soie en arrière en dessous de l'horizontale. Cependant, si l'intention était louable pour le résultat global obtenu dans l'élévation de la soie en hauteur d'une manière correcte, d'un point de vue physiologique et musculaire, cela pouvait entrainer des dommages sur les tendons et les quatre muscles rotateurs situés sous la coiffe de l'épaule du lanceur. En effet, Charles Ritz ne précise pas comment ou de quelle manière le lanceur devait effectuer l'ensemble de ses mouvements sur le lancer arrière et le lancer vers l'avant. Or, il n'y a que deux solutions pour le lancer arrière ou arraché : soit le lanceur soulevait sa canne sur un arc de cercle rotatif en début de lancer et avec une courte finale presque linéaire, le tout sur l'axe de son épaule ; soit il faisait un soulèvement ascensionnel de sa canne sur une trajectoire linéaire depuis le début de son arraché jusqu'au blocage de sa main et de sa canne à la verticale selon la norme de la "position clé" admise aujourd'hui. Cette dernière forme de lancer n'étant pas conceptualisée à son époque, il en résulte conséquemment que l'ensemble de son mouvement sur le lancer arrière était principalement basé sur une rotation en arc de cercle de l'ensemble du bras tendu sur l'axe de l'épaule du lanceur. S'agissant maintenant du lancer vers l'avant, il y a trois possibilités : soit une poussée entièrement linéaire en direction de la cible à atteindre dont la conceptualisation était également inconnue, comme on vient de la voir pour l'arraché ; soit une poussée en dissociation — avec deux trajectoires — en direction du bas pour laquelle le lancer débutait par une trajectoire en partie linéaire en raison de la visée vers le haut et au dessus de la tête — donc au dessus de l'horizontale — (selon la directive de Charles Ritz donnée plus haut), puis après le blocage, le lancer descendait sur un arc de cercle rotatif pour toucher l'eau ; soit le lancer se faisait vers l'avant en étant réalisé entièrement sur un arc de cercle rotatif de l'ensemble du bras sur l'axe de l'épaule.
Dans la pratique, c'est souvent cette dernière manière défectueuse qui est utilisée encore aujourd'hui par certains lanceurs. Par exemple, le club mouche de Cran-Gevrier en Haute Savoie, où Lionel Arnaud† présentait "La méthode [de lancer moderne simplifiée de] Charles Ritz" au sujet du "timing" [de la cadence pour le lancer] pour apprendre rapidement le lancer de la mouche. Or, il ne sert à rien d'acquérir rapidement une bonne cadence sur un lancer défectueux basé sur un mouvement entièrement rotatif de l'ensemble du bras sur l'axe de l'épaule. Il est en effet préférable d'apprendre progressivement le lancer linéaire et angulaire, de base, "à la française" sur un angle ascensionnel d'environ 110/120° (voir rapporteur d'angle ci-dessous) entrainant une forte élévation de la soie pour passer au-dessus des buissons situés derrière le lanceur. Cette méthode contemporaine française de lancer dans une situation particulière n'entraîne pas de douleur sur les tendons et les muscles rotateurs de la coiffe de l'épaule lors de l'arraché et permet de présenter la mouche en premier et d'une manière amortie sur le lancer vers l'avant. En outre, ce type lancer que Charles Ritz préconisait pour apprendre plus rapidement sa méthode moderne de lancer HS-HL, qui avait avant tout pour objectif d'inciter le lanceur à réaliser une forte élévation de son l'ensemble de son bras pour obtenir une forte élévation de la soie, n'est rien d'autre que le lancer contemporain dénommé "au clocher" ou plus exactement "au sommet du clocher", ou "vers le ciel" pour une pêche diurne ou "vers les étoiles" pour une pêche nocturne des truites de mer.
Hugh Falkus, qui fut un grand pêcheur de truites de mer, a décrit dans sa "Bible" (voir la référence en bibliographie de son ouvrage fondamental) ce qu'on l'on appelle maladroitement le "lancer en (sic) clocher" — expression qui ne veut rien dire ! — alors qu'il est préférable de l'appeler lancer "au clocher" ou plus exactement "au sommet du clocher" ou "vers les étoiles" quand on pêche la truite de mer au crépuscule ou la nuit. La pêche nocturne est autorisée dans les îles britanniques. Or, quand on pêche de nuit, on ne voit pas grand-chose et quand on sait qu'il y a des buissons derrière soi à un endroit, on utilise précisément ce type de lancer pour passer au-dessus des obstacles lors de l'arraché. Dans l'ouvrage d'Hugh Falkus à la page 193, on a toute une planche de photographies en noir et blanc prises en rafale qui montre que le lancer est réalisé avec un arc de cercle rotatif de l'ensemble du bras tendu sur l'axe de l'épaule. A cette époque (1965/1975), dans le Devon, le lancer linéaire et angulaire, fondé une sur une seule translation dans le mouvement de lancer arrière et avant, n'était pas conceptualisé. C'est pourquoi Hugh Falkus utilisait le même type de lancer que celui décrit par Charles Ritz dans sa méthode simplifiée de lancer mouche HS-HL. Aujourd'hui, quand je pêche la truite de mer à la mouche au crépuscule en Ecosse, j'exécute un lancer vers les étoiles ou la lune, fondé sur un mouvement translatif de la main qui est plus efficace et plus confortable.
Voici ce qu'il faut retenir au sujet de la méthode d'apprentissage simplifiée HS-HL de Charles Ritz qui est encore valable, dans son principe, pour pêcher la truite de mer la nuit, mais en ayant recours à la méthode contemporaine du lancer linéaire et angulaire, de base, "à la française". À partir des années 1960, Charles Ritz et Pierre Creusevaut ont conçu la méthode du lancer mouche HS-HL, avant tout pour l'utilisation d'une canne une main. Pour mettre en œuvre cette méthode, une canne Pezon & Michel a même été créée : la Ritz-Super-Parabolic-P.P.P. HS-HL (High Speed/High Line (voir photo ci-dessous et le catalogue Pezon & Michel cité en bibliographie). Mais l'influence de Pierre Creusevaut, dans la création de cette méthode de lancer HS-HL, a dû encore être plus significative pour l'utilisation d'une canne à deux mains pour pêcher le saumon, comme le souligne Pierre Creusevaut dans son commentaire "A propos de la méthode HS-HL de Charles Ritz pour lancer la mouche" paru en mai 1964 dans le Revue Au Bord De l'Eau, p. 41, colonne de droite (voir ci-dessous et la référence en bibliographie). Cette méthode lui a permis en effet de remporter, en 1963, le championnat du monde de lancer de distance de la mouche, avec une cannes à deux mains prévue pour pêcher le saumon, avec un lancer de 65 yards (59,44 mètres) et de battre ainsi le record du monde professionnel.
B) Le lancer HS-HL avec une canne à deux mains pour pêcher le saumon :
Cette question a été abordée par Charles Ritz uniquement dans son ouvrage "A Fly Fisher's Life", de 1972, à partir de la page 53. Mais avant de vous livrer les conseils de son auteur, je vous donne à titre préalable mes observations relatives au matériel utilisé par Pierre Creusevaut et à sa manière de tenir sa canne par rapport à la position du moulinet. Dans le catalogue de Pezon & Michel au sujet des cannes à deux mains pour pêcher le saumon (voir ci-dessous et référence en bibliographie), on observe que les cannes à saumon sont dotées d'une grande poignée en liège sur laquelle figure uniquement deux bagues pour fixer librement le moulinet là où le lanceur le souhaite. Il n'y a pas de porte moulinet fixe situé en bas de la poignée comme on l'a aujourd'hui. Maintenant, si l'on observe la position du moulinet et des mains de Pierre Creusevaut sur les deux photos figurant à la fin de l'article d'André Gagniard lors de son "Adieu à Pierre Creusevaut" (voir ci-dessous et référence en bibliographie), on constate que Pierre avait sa main droite directrice en haut de la poignée et le moulinet était fixé juste en dessous, tandis que sa main gauche tenait la canne à l'extrémité du talon de la poignée, c'est-à-dire en étant éloignée du moulinet situé bien au-dessus. Et ce n'était pas dû au hasard ! En effet, la main droite directrice de Pierre était précisément placée pour faire en sorte que le chemin de lancement de sa main tenant et dirigeant la canne coïncide avec le chemin d'impulsion de la canne, par rapport à l'action de talon (parabolique) de la canne, afin de pouvoir vaincre au mieux la loi d'inertie en concentrant la masse à mettre en mouvement en un seul point d'appui principal.
Je m'explique en vous donnant mes deux définitions de chemin de lancement et de chemin d'impulsion. En biomécanique du "lancer de la mouche", le premier chemin de lancement d'arraché est le chemin parcouru par la main tenant et dirigeant la canne depuis la position de départ de l'arraché (à 45°) jusqu'au blocage arrière dans la "position clé" (à 90°) et le second chemin de lancement du lancer vers l'avant est le chemin parcouru par la main tenant et dirigeant la canne depuis la "position clé" (à 90°) jusqu'au blocage avant dans la positon de départ de l'arraché (à 45°) [pour un lancer linéaire et angulaire à courte distance avec une trajectoire inclinée sur le même angle de 135°, voir le rapporteur d'angle ci-dessous]. S'agissant d'une notion de physique relativement à une canne à mouche et plus particulièrement de son action, le chemin d'impulsion est le chemin parcouru par la zone d'appui de la canne, lorsque le lanceur tire sur le point d'appui de la canne lors de l'arraché et pousse sur le point d'appui de la canne lors du lancer vers l'avant. Je précise que la zone d'appui d'une canne varie en fonction de son action : pour une action de talon (parabolique), elle se situe en bas de la canne ; pour une action de milieu (medium), elle se situe au milieu de la canne ; et, pour une action de pointe (fast), elle se situe sur la partie supérieure du scion. Il existe aussi des cannes avec une action de pointe basse (medium fast) où l'action su situe en bas du scion et en haut du porte scion. Or, pour qu'un lancer avec une canne à mouche soit performant, il faut que le chemin de lancement utilisé par le lanceur soit en corrélation avec le chemin d'impulsion de la canne à mouche et aussi avec le type de lancer à effectuer. Dans les années 1960/1970, en France, le lancer pratiqué avec une canne à deux mains était principalement un lancer vertical au-dessus de la tête — overhead —. Par ailleurs, d'une manière générale, je rappelle que pour être efficace, le chemin de lancement doit être à la fois le plus long possible et être effectué avec une accélération progressive et enfin le trajet doit être le plus linéaire possible (voir sur ces trois notions : Dominique Daumail et Frédéric Aubert : Athlétisme 1. Les lancers, Revue EP.S, 2004, biomécanique, p. 16).
Maintenant pour revenir au lancer de Pierre Creusevaut avec une canne à deux mains, je vous livre ses précisions données par Charles Ritz dans son ouvrage anglais de 1972 aux pages 53 et 54. Tout d'abord, l'apprenant lève doucement la canne avec la main droite directrice, afin de soulever la soie étendue sur l'eau (ce que l'on appelle le lift), jusqu'à environ 10h30/11h00 ou à 55°/60° ; "la main gauche ne faisant que soutenir la canne, pour contrer le poids et la longueur de celle-ci". La partie la plus importante de la gestuelle du lancer vertical s'opère lors de l'arraché, "lorsque la pointe de la canne est poussée vers le ciel en soulevant les deux coudes". "Les deux mains se déplacent ensemble", de bas en haut, "à la même vitesse et le long de la même trajectoire". Cette dernière phrase est très importante, car elle signifie, même si le concept de lancer linéaire n'était pas dégagé et dénommé à l'époque, que la trajectoire [des deux mains] utilisée par le lanceur était bel et bien entièrement rectiligne lors de l'élévation de la canne vers le ciel ! En outre, même si cela n'est pas exprimé comme tel, il y avait une synchronisation des deux mains, car elles se déplaçaient à la même vitesse [d'accélération progressive], le long de la même trajectoire. Là encore ce dernier point est très important. "Notez que la main gauche a tendance à agir comme un piston, se déplaçant d'avant en arrière et réduisant ainsi l'efficacité du lancer et de la vitesse de la ligne. Il est essentiel d'éviter ce défaut" (p. 53). Ces deux derniers points sont fondamentaux et ne sont généralement pas ou mal expliqués par les saumoniers actuels. Ian Gordon, champion du monde de lancer Spey, a d'ailleurs attiré l'attention du public lors d'un show donné en 2021 dans le Morvan, au sujet de la synchronisation des deux mains pour la réalisation du Spey cast. A-t-il été compris ou même seulement entendu ? Je n'en suis pas sûr ! Voilà pour la manière de réaliser l'arraché. Ensuite, ce dernier se termine lorsque l'apprenant bloque sa canne entre 90° et 100° (sur le rapporteur d'angle ci-dessous). A ce moment, la main inférieure est à la hauteur de la tête du lanceur et sa main droite directrice est au-dessus de la tête au bout de son bras en totale extension (voir la photo de Muffet Hemingway en fin d'article). La flexion de la canne en bambou pouvant aller jusqu'à 110°, la ligne s'élevait alors, à partir de l'anneau de tête du scion, sur un angle d'environ 130° d'une manière tendue. L'apprenant contrôlait ensuite visuellement la descente de la soie jusqu'à horizontale, avant de déclencher le lancer vers l'avant (p. 54). La puissance du lancer vers l'avant est obtenue en appuyant avec la main droite directrice sur la partie supérieure de la poignée, "en visant haut, littéralement vers la cime des arbres". Après un blocage de la canne à environ 11h00 ou 60°, cela permettait à la soie de planer avec une légère élévation et d'obtenir ainsi une extension maximale de la ligne jusqu'au dernier moment. Voici sommairement décrite la méthode du lancer mouche HS-HL de Pierre Creusevaut et de Charles Ritz pour l'utilisation d'une canne à deux mains pour pêcher le saumon par un apprenant (on notera que la position du moulinet sur la poignée de canne de Muffet Hemingway, petite-fille d'Ernest, était vers le bas, comme elle est généralement positionnée aujourd'hui, voir la dernière photo ci-dessous).
Pour compléter cette description, je vais tenter de décrire rapidement la gestuelle du lanceur en compétition que fut Pierre Creusevaut. La partie du soulèvement de la soie ou lift est quasiment identique à la description précédente. C'est à partir du début de l'arraché, c'est-à-dire lorsque a canne était à 11h00 ou 60° que la trajectoire de l'élévation de la canne devait être réalisée d'une manière rectiligne sur le côté du lanceur avec une bien plus grande amplitude, afin que la canne soit bloquée vers un angle de 120° derrière le lanceur. L'élévation de la canne s'opérait également avec la même synchronisation des deux mains, pour que la main supérieure directrice dirige la canne sur le bon angle de blocage et que la main inférieure soutienne, poussent et accompagne la canne. Le tout étant réalisé avec une très grande vitesse. Il en résultait qu'après le blocage, la flexion de la canne en bambou pouvait vraisemblablement atteindre les 150° derrière le lanceur et que la soie, à partir de l'anneau de tête du scion, soit projetée en élévation sur un angle de 30° par rapport au sol. L'angle idéal d'envol pour un javelot est de 30° et, par analogie, il devrait en être à peu de même pour une soie, à l'issue d'un lancer à grande vitesse en compétition. Une fois la ligne presque étendue, le lanceur amorçait sa poussée vers l'avant en bénéficiant de la grande énergie obtenue sur le lancer arrière et en augmentant la force à nouveau de la poussée sur l'avant, pour générer encore plus de vitesse sur le lancer vers l'avant. Après le blocage avant à un angle d'environ 60°, la canne fléchissait et là encore, à partir de l'anneau de tête du scion, la soie était projetée en élévation sur un angle d'envol idéal de 30°, pour planer le plus loin possible. Et si Pierre Creusevaut fut un grand champion du monde de lancer de la mouche, tout comme Charles Ritz fut également un excellent lanceur, c'est parce qu'ils étaient naturellement doués pour le lancer avec une canne à mouche et qu'ils trouvaient instinctivement les bonnes trajectoires, indépendamment des données de biomécanique actuelles.
Pour finir cet article en hommage à Pierre Creusevaut, l'unique champion du monde français de lancer de distance que la France ait connu, je dirai qu'il repose en paix aux côtés de son épouse nivernaise, dans le cimetière du petit village de Saint Seine, dans la Nièvre, à 17 km de mon domicile familial de Luzy. Sur le côté droit de sa tombe figurent deux petites plaques discrètes, dont l'une est un hommage de l'International Fario Club et de ses camarades pêcheurs sportifs, et dont l'autre est un hommage de sept de ses très chers amis, classés par ordre alphabétique, au nombre desquels figure bien évidemment Charles Ritz.
Bibliographie, biographies, hommages dans les articles de presse : Charles Ritz : Pris sur le vif, 1953, p. 153 " Je crois que Creusevaut est le premier essayeur de canne à mouche au monde. Il lance en moyenne plus de six cents heures par an." et p. 154 ; Charles Ritz : A Fly Fisher's Life, Londres, 1972, p. 62 ter photo (ci-dessous) et pp. 39, 61 et 64 ; Frank Warlies : HANS GEBETSROITHER. Eine Leben dem Fliegenfischen (Une vie de pêche à la mouche). Photos Horst Hansen, Nova Media, Berlin, 1984, p. 87, Pierre Creusevaut en Autriche sur la Traun à Gmunden (photo ci-dessous) ; Charles Ritz : Le lancer mouche HS-HL, une technique révolutionnaire, Revue Au Bord De l'Eau [A.B.D.E.], n° 330 janvier 1964, pp. 81 à 83 (ci-dessous). Les pages 79 et 80 ont déjà été publiées sur ce blog dans un article précédent consacré à "La méthode HS/HL de Charles Ritz pour lancer la mouche". Cependant, l'intégralité des cinq pages de cet article est publiée également dans le "Coin des bibliophiles pour la pêche à la mouche" de mon site internet) ; Pierre Creusevaut : "A propos de la méthode HS/HL de Charles Ritz pour lancer la mouche", Revue Au Bord De l'Eau [A.B.D.E.], n° 334 mai 1964, pp. 41 et 43 (ci-dessous) ; Catalogue Pezon & Michel p. 58, canne Ritz Super Parabolic PPP HS-HL (High Speed High Line) [https://splitcaneinfo.com/wp-content/uploads/2018/03/Pezon-Michel-19xx.pdf] (ci-dessous) ; Charles Ritz : CREUSEVAUT : Un grand champion, La Pêche et les Poissons, n° 347, avril 1974, p. 39 (ci-dessous) ; André Gagniard : Adieu à Pierre Creusevaut, Plaisirs de la Pêche, mars 1974, pp. 11 et 12, (ci-dessous) ; Lionel Arnaud : La méthode Charles Ritz, 2016 [du club mouche Cran-Gevrier 74] (https://cmcg74.fr/la-methode-charles-ritz/) ; Hugh Falkus : La bible du pêcheur de truite de mer, traduction en français par Pascal Charoulet, P.E.L., 1985, pp. 91 à 95 au sujet du lancer (en (sic) clocher, expression qui ne veut rien dire ?) "au clocher", ou plus exactement au sommet du clocher, vers le ciel ou vers les étoiles, quand on pêche la truite de mer au crépuscule ou la nuit) ; Pascal Durantel et Didier Magnan : La pêche à la mouche, Artémis, 2005, p. 41 au sujet du lancer "en (sic) clocher", au sommet du clocher ou vers le ciel ou les étoiles et p. 42 au sujet du lancer mouche HS-HL de Charles Ritz. C'est la seule fois où j'ai pu lire dans un ouvrage français la dénomination de cette méthode HS-HL, qui n'est pas expliquée au demeurant, par des auteurs contemporains ! ; Joan Wulff : Joan Wullf’s Fly Casting Techniques, Illustrated by Francis W. Davis, Lyons & Burford, New-York, 1987 : p. 193, avec ma traduction : « Charles Ritz, dans son travail avec Pezon & Michel, avait le champion Pierre Creusevaut comme soutien. » ; Le lancer de la mouche, ses différentes techniques, traduction de Gabrielle et Christian Fourquet, Gerfaut, Paris, 1997. C’est le seul ouvrage américain presque complet — car il manque quelques chapitres et l'index par rapport à l’édition originale américaine — en langue française qui existe actuellement en France au sujet du lancer de la mouche avec une canne à une main et qui fait autorité en la matière. L'usage de la main gauche qui tient la soie n'est abordé qu'à partir de la p. 83 (éd. 1997) ; Biomécanique : Dominique Daumail et Frédéric Aubert : Athlétisme 1. Les lancers, Revue EP.S, 2004 : Principes d'efficacité des lancers, Les lancers sous l'angle scientifique p. 14, Anatomie p. 14, Physiologie musculaire p. 14 et Biomécanique pp. 16 à 18.
https://bourgognepeche.typepad.com/blog/2023/02/charles-ritz-prophète-de-la-pêche-à-la-mouche.html
https://www.bourgognepeche.fr/stage-spey-cast.html